La saisine de la Cour internationale de Justice pour faits de guerre

Informations

Référence : 

R. Le Boeuf, « La saisine de la Cour internationale de Justice pour faits de guerre », Revue belge de droit international, 2009, pp. 53-77.

Note : 

La version en ligne peut légèrement différer du texte définitif publié dans la revue, qui constitue seule une référence fiable.

Résumé

La Cour internationale de justice est de plus en plus fréquemment saisie de faits en relation avec l’emploi de la force. Il apparaît cependant que la conjonction de ses règles procédurales et de certaines « lacunes » du droit de la guerre la prive de l’essentiel des règles applicables aux situations de ce type. Cet état du droit contraint les requérants à recourir à des instruments juridiques sans rapports avec les faits dont ils souhaitent saisir la Cour, et amène cette dernière à se prononcer sur des affaires tronquées de l’essentiel de leurs caractéristiques. Il en résulte un décalage de l’intégralité du débat judiciaire, comme en témoigne par exemple le différend opposant la Géorgie à la Russie.


La saisine de la Cour internationale de Justice pour faits de guerre

Plus de vingt affaires relatives à l’emploi de la force ont été portées à la connaissance de la Cour internationale de justice depuis son institution1. La requête géorgienne du 12 août 2008 constitue le dernier exemple de recours au juge interétatique dans un contexte d’hostilités actives. Si le fait de soumettre un différend de cette nature à un règlement judiciaire a pu en son temps soulever un certain nombre de difficultés2, il est aujourd’hui établi que la présence « de sérieux éléments d’emploi de la force »3 n’est pas un obstacle à la compétence de la Cour. Cette question, qui a déjà fait l’objet des réflexions les plus éclairantes4, n’impose pas que l’on y revienne. La mise en œuvre de cette compétence révèle toutefois de la part des États certaines tendances qu’il importe de mettre au jour, en ce qu’elles participent d’une forme de contournement des règles de compétence établies par le statut de la juridiction. La saisine5 de la Cour par la Géorgie offre une illustration topique de cette situation. Il convient de rappeler, à titre liminaire, que la présence de faits de guerre dans un différend soumis à la Cour est sans conséquence sur les conditions présidant à sa saisine : ni la gravité des faits en cause, ni leur urgence ne nuancent la rigueur procédurale. Ainsi, quand bien même la Cour se déclare « profondément préoccupée par le drame humain, les pertes en vies humaines et les terribles souffrances […] qui constituent la toile de fond du différend »6, elle ne saurait se passer du consentement des États impliqués7. L’établissement de cette compétence peut ne soulever que des difficultés relatives – et communes aux autres types de différends – lorsque le fondement de la saisine est trouvé dans l’article 36 § 2 du statut ou dans un agrément ad hoc du défendeur8. Il en va différemment en cas de recours à l’article 36 § 1, qui exige de l’État demandeur la preuve d’une clause prévoyant spécialement la compétence de la Cour. Cet aspect retiendra seul notre attention. 

De prime abord, les normes du droit de la guerre semblent à cet égard parfaitement de nature à justifier une requête pour violation devant l’organe judiciaire principal des Nations Unies. Pourtant, un rapide survol des bases de compétence invoquées par les États pour saisir la haute juridiction suffit à constater que ces règles, si elles ont effectivement motivé de nombreuses demandes au fond des États, n’ont jamais été utilisées pour fonder la compétence de la Cour au titre de l’article 36 § 1. Cet état de fait tient simplement à ce qu’aucun instrument relevant de cette matière ne comporte de clause compromissoire9. Un État confronté à l’emploi de la force doit par conséquent fonder sa saisine sur des instruments étrangers au corpus du droit de la guerre. L’ensemble du débat judiciaire se trouve alors déporté sur des terrains en décalage complet avec la nature première du différend. 

La requête introduite par la Géorgie relève d’un tel cas de figure. Le requérant demande à la Cour de dire « that the Russian Federation […] has violated its obligations under CERD10 »11. Le recours à une convention dont le but est de lutter contre les discriminations raciales pour fonder la compétence de la Cour dans une affaire essentiellement relative à l’emploi de la force suscite l’étonnement. Quoique la Cour ait finalement retenu sa compétence prima facie au stade conservatoire de cette affaire12, sept de ses quinze juges se sont désolidarisés de la décision, estimant : 

« pour le moins curieux que la Géorgie, qui fait remonter les prétendus actes de discrimination raciale qui auraient été commis par la Russie, en violation de la CIEDR, depuis le début de la décennie quatre-vingt-dix, ait attendu le conflit armé, dont elle était partie prenante avec la Russie […] pour saisir immédiatement la Cour d’un différend relatif à l’application de cette convention »13.

En effet, déposée quelques jours seulement après le début des affrontements de l’été 2008, la requête vise clairement, même si elle inclut des éléments antérieurs à l’intervention russe, les actes de guerre commis par le défendeur. Plus que le contexte, ce sont les demandes formulées par la Géorgie dans sa requête qui conduisent à voir dans le différend soumis à la Cour tout autre chose qu’une affaire de discriminations raciales14 : une première demande tend à la cessation des hostilités par la Russie et au retrait de ses troupes15, une autre à la non reconnaissance des régions séparatistes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie16, et une troisième à la restauration de l’autorité géorgienne sur ces régions17. Bien que davantage en cohérence avec la convention de 1965, les autres demandes présentées paraissent secondaires, et la défense russe ne manque pas de dénoncer un « saupoudrage cosmétique [qui] ne suffit évidemment pas à modifier la nature de la requête »18.

La tentative n’est pas nouvelle. Dès 1973, on observe les prémisses d’un décalage entre les fins poursuivies et les moyens adoptés dans la requête déposée par le Pakistan contre l’Inde. Cette requête concernait, pour l’essentiel, le sort et le rapatriement de prisonniers de guerre retenus en Inde en dépit de la cessation des hostilités19. La suspension unilatérale du rapatriement des prisonniers constituait, selon la requête20, une violation des IIIème et IVème conventions de Genève. C’est pourtant l’article IX de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (ci-après convention génocide) qui est invoqué pour fonder la compétence de la Cour. L’artifice n’était dans ce cas que partiel, l’Inde ayant justifié le sort des prisonniers par sa volonté de les faire juger, notamment, pour crimes de génocide. Il existait donc bien entre l’Inde et le Pakistan un différend relatif à l’application de la convention sur le génocide, et si le différend portant sur la convention génocide n’était qu’accessoire à la question principale du sort des prisonniers de guerre, les deux questions étaient très étroitement mêlées, voire finalement indissociables. Dans les affaires ultérieures, la transposition systématique des différends relatifs à des faits de guerre dans le champ d’autres instruments donnera cependant aux saisines un tour alternativement artificiel ou instrumental. 

Constante depuis les premiers pas de la Cour dans le domaine des conflits armés, cette pratique n’a pas vocation à être abandonnée. Elle constitue en effet pour le requérant l’ultime palliatif de ce qui, de son point de vue, se présente comme une lacune conventionnelle. Cet expédient soulève pourtant de lourdes difficultés. Difficultés de principe, d’abord, en ce sens que le procédé a pour objet de donner compétence à la Cour pour trancher des situations échappant en principe à sa juridiction. Difficultés d’application, ensuite, le discours juridictionnel ne pouvant qu’être faussé ou tronqué21 par des saisines utilisant des outils inadéquats et n’éclairant que partiellement la vérité. Le nombre sans cesse croissant d’affaires soumises au jugement de la Cour en matière de faits de guerre impose une évaluation du phénomène. Surtout, il offre désormais un ensemble suffisant pour dresser une esquisse fidèle de la pratique des États (I), ainsi que de sa réception par la Cour (II).

I. La qualification des faits de guerre dans les requêtes étatiques

Les États éprouvent une difficulté tangible à trouver un instrument, qui, à la fois, soit en vigueur entre le demandeur et le défendeur, comporte une clause compromissoire, et dont l’objet soit relatif au différend soumis à la Cour. À l’évidence, les deux premiers paramètres ne sont pas susceptibles de degrés. La seule clé exploitable par les demandeurs pour ouvrir la porte du prétoire international est donc celle relative à la conformité de l’objet du différend à celui de la convention visée. La volonté des États de recourir à un organe juridictionnel pour assurer leur intégrité politique et territoriale les conduit à invoquer, pour fonder la compétence de la Cour, un faisceau de conventions hétéroclites ne présentant qu’un rapport imparfait avec les caractères réels du conflit. Il convient donc de sérier, à travers une analyse empirique, les instruments formels mobilisés jusqu’à présent par les États pour établir la compétence de la Cour (a). Il deviendra alors possible de confronter ces instruments à la réalité des mesures attendues par les États (b).

A. La diversité des bases de compétence invoquées

Alors que l’absence de clauses compromissoires dans les conventions relatives au droit de la guerre devrait entraîner une pénurie d’arguments chez les requérants, ces derniers n’hésitent pas, dans leurs requêtes, à multiplier les fondements juridiques de leurs actions. 

Le droit conventionnel -. Certaines conventions invoquées ne méritent qu’une attention éphémère, ne posant pas de véritables difficultés. Tel est notamment le cas des conventions de règlement judiciaire, c’est-à-dire des conventions établissant entre les parties une acceptation générale de la compétence de la Cour. Le pacte de Bogotá, qui prévoyait cette compétence « in all disputes of a juridical nature that arise among them »22, a ainsi pu être utilisé dans les affaires opposant le Nicaragua au Honduras23 et au Costa Rica24. C’est le même type d’instrument qui a permis à la RFY de compléter – en vain pour d’autres raisons – les requêtes formées contre la Belgique et les Pays-Bas en 199925.

La portée des clauses compromissoires est généralement beaucoup plus limitée et, pour paraphraser les formules consacrées, se limite à établir la compétence de la Cour pour les différends relatifs à l’application et l’interprétation du traité dans lequel elles sont insérées. 

Les traités d’amitié ont ainsi fondé à deux reprises la compétence de la Cour. Dans l’affaire Nicaragua, le demandeur invoquait – outre l’âprement contestée souscription des États-Unis à la juridiction obligatoire de la Cour – un traité d’amitié, commerce et navigation de 1956, qui prévoyait la compétence de la Cour internationale en cas de différend relatif à son application26. Le traité d’amitié, de navigation et de droits consulaires servira identiquement de fondement à l’action de l’Iran contre les États-Unis dans l’affaire des Plates-formes pétrolières27.

D’autres conventions, au spectre beaucoup plus réduit, ont également été utilisées par les États. Bien que ne concernant pas directement les faits de guerre, ces instruments couvrent généralement des situations qui entretiennent avec de tels faits une proximité dont les requérants entendent tirer profit. La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, à travers son article IX, est ainsi devenue le pivot de la compétence de la Cour en matière de faits de guerre. Ce texte a été utilisé par le Pakistan contre l’Inde en 1973 pour soutenir des prétentions en matière de prisonniers de guerre28, par la Bosnie-Herzégovine contre la RFY en 199329, par la RFY contre les États membres de l’OTAN en 199930, par la Croatie contre la RFY31, et enfin par le Congo dans ses requêtes de 1999 et 200232. Seule clause compromissoire spéciale à fonder l’action de la Cour jusqu’à récemment, l’article IX de la convention génocide connaît depuis 1999 une concurrence de plus en plus prolifique. La seule présence d’une telle clause semble désormais suffire à légitimer dans l’esprit des requérants l’invocation d’un traité pour établir la compétence de la Cour dans les cas de recours à la force, sans considérations pour son contenu matériel propre.

L’initiateur de cette démarche fut le Congo33 : incapable de fonder la compétence de la Cour pour les faits commis sur son territoire par le Burundi et le Rwanda sur une autre base que l’illusoire article 38 § 5 du règlement de la Cour, ce demandeur invoqua parallèlement les articles 30 et 14 des conventions de New York contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants de 1984 et de Montréal pour la répression d’actes illicites dirigés contre la sécurité de l’aviation civile de 197134. Le phénomène s’accentua. Audacieux, il devint caricatural dans la requête réintroduite contre le Rwanda en 2002. Ce sont alors plus de dix clauses compromissoires qui ont été invoquées simultanément. Outre la convention de New York de 1984 et celle de Montréal de 1971, déjà produites dans le recours de 1999, ce nouveau recours mobilisa la convention relative à la discrimination à l’égard des femmes de 1979, celle surl’élimination de toutes les formes de discrimination raciale de 1965, celle relative au génocide, la constitution de l’Organisation mondiale de la santé et le statut Unesco35, instruments auxquels furent ajoutés la convention des Nations Unies sur les privilèges et immunités des institutions spécialisées de 1947 et l’accord de siège entre la RDC et la MONUCdu 4 mai 200036. La requête congolaise ne s’arrêta pas là : en vue de compléter le tableau partiel que son faisceau de traités entendait dresser du conflit l’opposant au Rwanda, le Congo ajouta à la requête une longue série de conventions auxquelles son adversaire n’était pas même partie, mais qu’il était, selon le demandeur, tenu de respecter en vertu du caractère impératif de leur contenu37. Étaient notamment visées les conventions internationales et régionales de droits de l’homme ainsi que celles de droit de la guerre38.

Au-delà du droit conventionnel ? -. Le jus cogens ne saurait pourtant en lui-même comporter d’attribution de juridiction à la Cour, et le caractère impératif de la norme à protéger n’emporte pas compétence obligatoire de la Cour39. Afin de justifier son recours aux normes impératives devant la juridiction, la RDC invoqua, de manière assez singulière, l’article 66 de la convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités40. Cet article donne compétence à la Cour pour tout « différend concernant l’application ou l’interprétation des articles 53 ou 64 » de la convention. Toutefois, si ces deux articles présentent un lien indiscutable avec les normes de jus cogens, ils relèvent du seul contentieux de la nullité des traités et ne permettent en rien de condamner un État qui violerait, même gravement, une norme impérative41. La tentative du Congo procède d’un déplacement des fonctions reconnues du jus cogens : simple élément de technique contractuelle, cette notion ne peut que décevoir ceux qui, la hissant au rang de mythe42, tentent de l’étendre au-delà de ses limites naturelles.

La démarche du Congo est symptomatique du caractère désespéré de l’action des demandeurs tenus d’établir la compétence de la Cour en matière de faits de guerre. Elle témoigne de la frustration ressentie par certains États qui, en dépit d’une protection de leurs droits assurée par les instruments les plus essentiels du droit international, s’avèrent incapables d’en faire sanctionner la violation devant l’organe judiciaire des Nations Unies. Le nombre et la diversité des conventions visées illustrent le caractère véritablement contingent de leur utilisation. Ces instruments ne sont mobilisés qu’en tant qu’ils permettent d’établir la compétence de la Cour, sans égard à leur contenu matériel. 

B. L’uniformité des objectifs poursuivis

Les fondements invoqués par les États sont donc extrêmement variés, et le recours à la force peut-être présenté aussi bien sous le jour d’une atteinte à une vague déclaration conventionnelle d’amitié43 que sous celui d’une violation du droit au travail44 des citoyens de l’État requérant. La diversité des bases juridiques ne reflète pourtant pas les objectifs qui animent réellement les requêtes. De ce point de vue, les attentes des demandeurs sont parfaitement univoques et les multiples violations alléguées pour établir la compétence de la Cour se fondent finalement dans des exigences communes. 

Les demandes à titre conservatoire -. Plus encore que les demandes au fond, les mesures demandées à titre conservatoire permettent de se faire une idée précise de la motivation des requérants confrontés à l’emploi de la force. Deux constats ressortent de l’étude de ces demandes. Le premier, quantitatif, tient au caractère quasi-systématique de telles demandes45. Le second, qualitatif, confirme le caractère univoque des mesures proposées. Il s’agit toujours (à l’exception de l’affaire du jugement des prisonniers de guerre pakistanais) d’obtenir de la Cour une injonction de cessation du recours à la force. 

Dans le différend qui l’opposait aux États-Unis, le Nicaragua demanda ainsi à la Cour de dire, à titre conservatoire, que : 

« the United States should immediately cease and desist from providing, directly or indirectly, any support […] and from any military and paramilitary activities […] and from any other use or threat of force in its relations with Nicaragua »46.

La même demande se retrouve dans la requête formée à titre conservatoire par la RDC contre l’Ouganda en 1999 : il s’agit d’obtenir le retrait de troupes, ainsi que la cessation immédiate des combats et de l’assistance aux entités en lutte contre le gouvernement congolais47. Dans la mesure où elles sont fondées sur une acceptation générale de la compétence de la Cour par le défendeur au titre de l’article 36 § 2 du statut, les conclusions de ces requêtes tendant à l’application du droit de la Charte et du droit international général ne soulèvent aucun problème de principe. Il en va très différemment quand la compétence de la Cour est établie sur une clause compromissoire excluant ces normes du contentieux. 

Les requérants ne se préoccupent alors que très peu du décalage entre le contenu des conventions qu’ils invoquent pour fonder la compétence du juge et les mesures qu’ils en requièrent. Dans sa requête de 1993, et bien que la compétence de la Cour ait pour principale base l’article IX de la convention génocide48, la Bosnie-Herzégovine fonde cinq de ses six demandes à titre conservatoire sur le droit de la Charte, et plus précisément sur ses articles 2 et 5149. Une seule demande est en rapport avec la convention génocide50. C’est également une mesure de pur jus ad bellum que la RFY demande à titre conservatoire en 1999, dans l’affaire qui l’oppose aux membres de l’OTAN51. Sans même feindre d’inscrire sa requête dans le champ de la compétence de la Cour52, le demandeur se borne cette fois à demander que chaque défendeur soit appelé à « cesser immédiatement de recourir à l’emploi de la force et [de] s’abstenir de tout acte constituant une menace de recours ou un recours à l’emploi de la force contre la République fédérale de Yougoslavie »53.

Les dernières requêtes relatives à l’emploi de la force dont a été saisie la Cour témoignent d’une évolution. La démarche des États pour obtenir de la Cour la cessation des hostilités se veut plus subtile, et leurs demandes sont présentées de manière plus indirecte. Ceci transparaît dans la requête du Congo en 2002. L’objectif reste pour le demandeur d’obtenir de la Cour la « cessation de la guerre d’agression »54 dont il se prétend victime. Cependant, cette cessation n’est plus visée en tant que telle. Elle l’est uniquement en ce que la guerre est « source et cause de toutes les violations massives, graves et flagrantes de Droits de l’homme et du Droit international humanitaire »55, et en ce qu’en elle se fondent toutes les autres violations énumérées dans la requête56. La guerre se présente alors comme un agrégat de violations distinctes, qui, s’il ne peut faire l’objet d’une requête en tant qu’ensemble, peut être décomposé en un faisceau d’illicites à l’égard desquels la compétence de la Cour est établie. 

La disjonction entre la guerre et ses effets alimente encore l’argumentation de la Géorgie. La demande à titre conservatoire initiale57 s’en tient strictement à exiger de la Russie qu’elle cesse ses violations de la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, qui sert de fondement à la compétence de la Cour. Aussi la demande de la Géorgie suppose-t-elle uniquement de la part de la Russie l’abstention « from any and all conduct that could result, directly or indirectly, in any form of ethnic discrimination by its armed forces »58. C’est ainsi l’usage discriminatoire de la force par les armées russes envers les « ethnic Georgians » qui fait l’objet de la requête, et non le principe du recours à la force lui-même. Pourtant, la distinction ami – ennemi, inhérente à la situation de guerre, peut toujours être ramenée, in fine, à une discrimination ethnique ou nationale prohibée par la convention. Dès lors, c’est bien la conduite des opérations de guerre qui est rendue impossible, et, à travers l’accusation de discrimination, le recours à la force qui est visé59. Le requérant géorgien procède de la même façon en ce qui concerne la demande de respect des règles du jus in bello. Aux termes de cette demande, la Fédération de Russie doit : 

« immediately cease and desist from discriminatory violations of the human rights of ethnic Georgians, including attacks against civilians and civilian objects, murder, forced displacement, denial of humanitarian assistance, extensive pillage and destruction of towns and villages »60.

Le lexique et le contenu de la demande empruntent indubitablement au droit humanitaire. Toutefois, en identifiant les victimes comme des « ethnic Georgians », le demandeur rappelle à l’attention de la Cour que le différend est posé en termes de discriminations. 

Cette prétention consistant à obtenir une décision de la Cour relativement à un objet a priori situé hors du contentieux limité qui lui est soumis rappelle, à bien des égards, la pratique de la CEDH et revient, mutatis mutandis, à établir la compétence de la Cour « par ricochet ». La pratique des États en matière de saisine tend à disjoindre autant que possible les questions de compétence et celles de fond. La base de compétence retenue pour fonder la compétence de la Cour s’avère donc dans les requêtes sans incidence réelle sur le contenu des mesures conservatoires demandées. L’urgence éprouvée par le demandeur de faire cesser la progression de son adversaire justifie tous les moyens propres à conduire la Cour à enjoindre, ne fût-ce qu’à titre provisoire, la cessation des hostilités.

Le contentieux au principal -. La question qui se pose dès lors est de savoir si la phase conservatoire, et l’ordonnance éventuelle par la Cour de la cessation des opérations militaires, épuisent ou non le contentieux61. Il semble en pratique que les demandes au principal recoupent largement celles présentées à titre conservatoire et tendent pour l’essentiel à obtenir la confirmation définitive des mesures provisoires. Le trait distinctif essentiel entre les deux phases tient à ce qu’à la demande de cessation de l’illicite s’ajoute celle visant la réparation du préjudice subi. Les questions de compétence ne disparaissent cependant pas, et le débat peut même s’accentuer, la Cour ne se satisfaisant plus alors d’une simple compétence prima facie

Les accusations relatives au recours à la force sont ainsi maintenues dans les requêtes au principal. Ces demandes varient en fonction des spécificités de chaque conflit : il s’agit par exemple d’ingérence dans les affaires intérieures, d’atteintes à l’intégrité des citoyens et à la libre circulation maritime dans les requêtes du Nicaragua contre les États-Unis, le Honduras et le Costa Rica62. Par delà les demandes tenant à la cessation des actes de génocide63 et de recours à la force, la requête initiale de la Bosnie-Herzégovine64 vise aussi les violations des quatre conventions de Genève de 1949, de leur protocole I de 1977, ainsi que des principes fondamentaux et coutumiers du droit de la guerre65, soit la majeure partie des règles de jus in bello. Elle vise encore divers instruments de protection des droits de l’homme, telle la Déclaration universelle de 194866, ainsi que le droit international général67 et la Charte des Nations unies68. La demande de la RFY au principal recouvre tant le recours à la force lui-même (dont l’immixtion dans les affaires intérieures)69 que ses modalités (non discrimination envers la population civile, protection des biens culturels en temps de guerre, armes causant des maux superflus, dommages à l’environnement)70. La demande porte également sur la violation des droits de l’homme incluant notamment le droit à la vie, au travail, à l’information, aux soins de santé71. Le seul point en relation avec la qualification de génocide est placé en dixième position dans la requête, après même la violation de l’interdiction d’entraver la libre circulation sur les cours d’eaux. La requête de la RDC porte également sur des violations du principe d’interdiction du recours à la force, des conventions de Genève ou encore des principaux instruments généraux de droits de l’homme72. Les griefs de torture et de violation de la sécurité aérienne73, qui fondent la compétence de la Cour, n’interviennent encore qu’à un rang très inférieur.

Deux affaires, enfin, se distinguent en ce qu’elles n’ont pas pour objet principal la cessation de l’emploi de la force – celui-ci ayant cessé au moment de la requête. Néanmoins, si les requêtes n’ont pas pour objet la cessation de l’illicite que constitue l’emploi de la force, cette question demeure au centre des revendications. Dans l’affaire des Plates-formes, l’Iran souhaite de la sorte obtenir réparation du fait d’attaques militaires. Et si la Croatie présente sa requête en apparence pure d’éléments extérieurs à la convention sur le génocide, les demandes qu’elle formule à titre de réparation exhalent comme un étrange parfum de jus in bello. La restitution de biens culturels et les informations sur les disparus sont en effet deux mesures qui relèvent traditionnellement du droit de la guerre74.

Pour conclure de manière plus générale sur l’objet des requêtes soumises à la Cour en matière de faits de guerre, on observera que s’il « n’est pas demandé à la Cour de mettre fin au conflit par le seul pouvoir des mots »75, le but poursuivi par les États consiste bien à obtenir du juge une résolution définitive du conflit. Si le conflit est en cours, la demande tend à en faire cesser les manifestations militaires. S’il est achevé, elle vise à obtenir réparation des dommages que les opérations passées ont occasionnés. Les demandeurs projettent alors sur les décisions de la Cour internationale de justice les fonctions des instruments traditionnels du retour à la paix – tels cessez-le-feu et accords de paix – qu’ils n’ont pas été en mesure, pour des raisons diverses76, de faire adopter par leur adversaire. Cette pratique ne manque pas non plus de révéler, sous forme de négatif, les positions adoptées – ou tues – par le Conseil de sécurité au détriment des demandeurs77.

II. La réception de ces qualifications par la Cour

La disjonction opérée entre la base de compétence invoquée et les objectifs poursuivis par les États constitue le trait marquant de leur pratique de saisine. La question est alors de savoir comment la Cour accueille les requêtes dont les demandes au fond n’entretiennent qu’un lien discutable avec la norme juridique qui fonde sa compétence. Les jugements rendus en la matière s’avèrent finalement peu nombreux78. Cette jurisprudence permet pourtant déjà d’isoler les traits essentiels de l’appréciation par la Cour des qualifications de faits de guerre établies par les États. 

La pratique consistant à déconnecter le fond du débat et les fondements de la compétence du juge a ainsi très tôt été dénoncée par les défendeurs. Dès l’affaire Nicaragua, les États-Unis ont mis en lumière le nécessité d’un lien entre les faits ayant motivé la requête et la base de compétence invoquée pour établir la compétence de la Cour. La base contestée était le traité d’amitié, de navigation et de commerce conclu entre les parties en 1956. Les États-Unis firent valoir qu’il devait exister un « rapport raisonnable »79 entre la base de compétence alléguée et les demandes soumises à la Cour. En d’autres termes, les faits litigieux devaient être susceptibles d’une qualification entrant dans le champ du traité. Ce rapport, selon l’exception soulevée, faisait défaut en l’espèce. Cette notion de « rapport raisonnable » sera reprise ultérieurement par les États-Unis dans l’affaire des Plates-formes pétrolières, ainsi que par le Rwanda dès le premier différend l’ayant opposé au Congo80.

L’argument se conçoit aisément. En effet, ne pas exiger de lien entre l’objet auquel s’applique la clause compromissoire et la nature du différend aurait contredit à la fois la lettre et l’esprit des traités contenant de telles clauses. C’est d’ailleurs en se fondant sur les termes mêmes de la clause contenue dans le traité de 1956 que la Cour reprend l’argument à son compte, substituant à l’idée de « rapport raisonnable » celle de l’existence d’« un différend entre les parties, notamment quant à ‘l’interprétation ou l’application’ du traité »81. La formulation d’espèce sera légèrement modifiée pour devenir dès 1993 une position de principe, la Cour affirmant dorénavant la nécessité d’établir entre les parties « l’existence d’un différend entrant dans les dispositions de la convention »82.

Cependant, le principe de l’exigence d’un lien n’implique pas la simplicité de sa mise en œuvre. Le lien proposé par les États peut simplement ne pas exister (a). Quand bien même sa réalité serait attestée, il peut encore ne dévoiler qu’une image très partielle, et donc faussée, de la réalité soumise au jugement de la Cour (b).

A. L’exigence d’un lien entre la qualification invoquée et le fait saisi

La question de l’existence d’un « rapport » entre les faits soumis au jugement de la Cour et son champ de compétence a été soulevée à de nombreuses reprises, au point que certains États ont pu déplorer « des controverses stériles entre les parties sur la question de savoir si [d]es comportements sont ou non ‘suffisamment directement liés’ à la Convention »83. Pourtant, la contestation de ce lien n’a souvent rien de dilatoire. Sa défaillance peut simplement être constatée par la Cour sur la base des éléments qui lui sont présentés, mais elle peut encore nécessiter de la part des juges un travail de déconstruction de la fiction élaborée par les demandeurs. 

L’existence du lien -. La nécessité d’un lien conduit la Cour à décliner sa compétence lorsque des instruments sans rapport avec le différend soumis sont en jeu. Cette nécessité la conduit par exemple, dans l’affaire introduite par la Bosnie-Herzégovine en 1993, à écarter le traité relatif à la protection des minorités conclu suite à la première guerre mondiale, faute d’une demande bosniaque entrant dans le champ territorial du traité84. Le même défaut de demande liée au texte invoqué conduit la Cour à rejeter sa compétence au titre de la convention de Montréal sur la sécurité aérienne dans l’affaire portée par la RDC contre le Rwanda. La convention sur la discrimination à l’égard des femmes est de même écartée, dans la même affaire, le demandeur n’ayant pas « précisé quels seraient les droits protégés par cette convention qui auraient été méconnus par le Rwanda »85. Dans ces différents exemples, c’est un défaut en quelque sorte manifeste de différend qui conduit la Cour à ne pas se reconnaître compétente. 

Mais l’absence de lien peut également être moins évidente, notamment lorsque les États cherchent à inclure leur différend dans les formulations très générales qui caractérisent souvent les premières lignes des traités internationaux. C’est alors le défaut de valeur normative du texte prétendument violé qui exclut le différend du champ de la convention et écarte la compétence de la Cour. Les formules traditionnelles de la diplomatie – la paix éternelle et l’amitié sincère – révèlent alors à la fois leur vacuité et leur incapacité à fonder une action. La Cour, de ce point de vue, semble avoir durci sa position entre l’arrêt Nicaragua et celui des Plates-formes. En effet, dans le premier arrêt, les manquements américains aux références, très générales, à la paix et à l’amitié86 incluses dans le préambule paraissent, bien qu’elles soient visées en bloc avec d’autres règles, susceptibles de fonder la compétence de la Cour. Cette position conduira l’Iran, dans une première version de ses écritures, à invoquer la violation du traité d’amitié le liant aux États-Unis en son « esprit et son objet »87, moyen qui sera ensuite retiré par le demandeur88. En effet, la Cour est désormais beaucoup moins disposée à prendre en considération les engagements généraux de cette nature. Alors qu’en 1984, elle avait retenu le seul fait, énoncé dans le préambule, que les États étaient « désireux de resserrer les liens de paix et d’amitié qui unissent traditionnellement les deux pays », elle nie toute portée normative à l’article 1er du traité avec l’Iran, lequel dispose pourtant qu’« il y aura paix stable, durable et sincère » entre les parties. Au vrai, c’est moins la valeur normative de cet article qui est niée que son autonomie89. Toutefois, quand bien même la Cour ne saurait le « perdre de vue »90, l’article en question fixe uniquement un objectif à atteindre, un objectif au travers duquel les autres dispositions doivent être interprétées91. Il ne saurait donc en naître de différend entre les parties, ni, par là même, de compétence pour la Cour92.

Le caractère fictif du lien -. L’hypothèse du caractère fictif recouvre dans une large mesure celle de l’inexistence. Mais alors que l’inexistence se caractérisait par l’absence de faits entrant dans le champ des instruments invoqués, le caractère fictif résulte de l’inadéquation des faits litigieux à la qualification que le demandeur leur applique. Quoique ce caractère se réduise en définitive à une absence de différend, il mérite une attention particulière. Les manœuvres dont il procède sont en effet révélatrices des difficultés s’opposant à la démarche judiciaire des demandeurs, et des moyens employés pour les contourner. 

Tel est le cas dans l’affaire licéité de l’emploi de la force. Dans cette dernière, la RFY porte devant la Cour un grief tenant aux frappes aériennes qu’elle subit de la part des membres de l’OTAN, mais fonde, pour l’essentiel, la compétence de la juridiction sur la convention génocide93. Les défendeurs contesteront la pertinence du recours à cette convention94. Ils seront sur ce point suivis par les juges, qui constateront – ce dont personne ne pouvait sérieusement douter – « que le recours à la force en soi ne saurait constituer un acte de génocide »95. De fait, l’élément intentionnel caractéristique du crime de génocide faisait défaut96. Les faits dont elle était saisie n’étant pas susceptibles d’être qualifiés de génocide, la Cour refusa, dès son appréciation prima facie, de reconnaître sa compétence sur la base de la convention de 194897. Mais c’est seulement après une déconstruction de l’argumentation du demandeur que la Cour peut en décider ainsi. La RFY avait en effet étayé son argumentation tendant à transposer les faits de guerre en crimes de génocide : selon le demandeur, la guerre soumet, en contradiction avec l’article II c) de la convention sur le génocide, « un groupe national à des conditions devant entraîner sa destruction physique » 98. De manière plus précise, sont visées comme sources de conditions entraînant la destruction physique du groupe les dommages à l’environnement, ainsi que l’usage d’armes provoquant des dégâts à long terme, tel l’uranium appauvri99. Les destructions d’infrastructures, notamment électriques, témoigneraient « ‘implicitement de l’intention de détruire totalement ou partiellement’ le groupe national yougoslave en tant que tel »100. Le caractère outré de la qualification laisse toutefois soupçonner que plus qu’une argumentation, c’est un prétexte que la RFY offrait à la Cour : implicitement, il était demandé à la haute juridiction de « faire comme si » les faits étaient ce qu’en disait le demandeur, au titre du caractère fondamental des intérêts à protéger. La Cour refusa d’entériner la fiction.

Le caractère fictif du lien est encore en partie la cause du rejet par la Cour de la requête de la RDC à l’encontre du Rwanda. À la pléthore d’instruments invoqués par le demandeur, il faut avant tout noter que le défendeur a très peu opposé l’argument du caractère fictif. Pluralitas non est ponenda sine necessitate, la défense limita son discours à de très classiques – mais aussi très probantes – questions d’opposabilité des instruments101. L’argument du caractère fictif reprend sa place lorsque l’opposabilité de la convention visée ne peut être remise en question de manière incontestable. Ainsi, indubitablement lié par la convention de Vienne, le Rwanda plaide le défaut de lien entre le différend soumis à la Cour et l’objet de l’article 66 de cette convention102. Redonnant à l’article visé son véritable sens et à la notion sa véritable portée, les juges avaient, dès le stade conservatoire, constaté l’absence de tout différend « au sujet d’un conflit entre un traité et une norme impérative du droit international »103. Suite à l’élucidation d’une manoeuvre identique, la Cour avait également écarté la convention Unesco : la clause compromissoire contenue dans cet instrument ne concernait en effet que l’interprétation de la convention, tandis que la demande congolaise visait essentiellement à faire sanctionner un défaut d’application. Une telle requête, comme le conclura la Cour, « n’apparaît donc pas entrer dans les prévisions dudit article »104.

C’est d’un tout autre genre de fiction que procède la qualification suivante. Si la stratégie du demandeur tend parfois à l’amplification des faits, à leur exagération pour leur faire endosser une qualification qu’ils n’atteignent pas, les démarches communes au Nicaragua et à l’Iran procèdent d’un raisonnement inverse. Plutôt que d’exagérer les faits, il s’agit cette fois de les ramener à des proportions sans rapport avec leur gravité initiale. Dans leurs argumentations portant sur la violation des traités d’amitié, les demandeurs font grief aux États-Unis d’avoir, par leurs actions militaires, manqué à leur obligation de traiter de manière juste et équitable les ressortissants, biens et entreprises de la partie adverse. Le Nicaragua souligne ainsi dans son mémoire que des : 

« armed attacks against Nicaragua by air, land and sea, resulting in the loss of human lives, severe human suffering and material damages cannot be seen as ‘equitable treatment to the persons, enterprises and other interests’ of Nicaraguyan nationals »105.

L’argument est tellement incontestable qu’il en devient suspect, et si l’habit du génocide est trop grand pour le recours à la force, celui de l’entorse faite à une obligation générale inscrite dans un traité à finalité commerciale est bien trop étroit. Contournant l’évidence apparente de la proposition, la Cour restitue à la norme invoquée sa portée et aux faits leurs proportions et leur nature. Elle resitue le discours dans un champ plus large que celui, artificiellement réduit, dans lequel entendait le tenir le demandeur. Cette forme de fiction se fond cette fois avec le caractère partiel des requêtes dont est saisie la Cour.

B. L’admission des qualifications fragmentaires

Pour les États soumis à l’emploi de la force, obtenir une décision de la Cour est une nécessité. Face à cet impératif, il importe peu pour les États que sous la qualification établie ne se subsume qu’une partie des faits. L’entrée par une porte dérobée, aux dimensions réduites, implique pourtant de laisser hors du prétoire une part importante, tant quantitativement que qualitativement, des griefs. C’est alors le débat entier qui est modifié par la démarche initiale.

Le caractère partiel du lien -. Le cadre procédural ne laisse ni à la Cour ni au requérant une grande marge de manœuvre. Le dilemme de la compétence se pose alors en termes de peu ou pas. Certains jugements, fondés sur des moyens particulièrement anecdotiques au regard de la réalité des faits, posent cependant de sérieux problèmes de politique judiciaire. Ils posent tout autant la question de savoir si une politique du tout ou rien ne serait pas, pour tous les protagonistes, plus satisfaisante. Saisie d’une portion parfois infime d’un ensemble sur lequel elle ne peut porter les yeux, la Cour prend le risque de rendre des décisions difficilement compréhensibles. Si le risque d’inapplication de ses décisions ne doit pas influer sur son action106, sans doute doit-elle avoir égard à leur applicabilité. 

Le caractère partiel du différend soumis à la Cour peut prendre deux formes, illustrées par la défense présentée par le Honduras. Invoquant le caractère général du conflit en Amérique centrale, l’État souligna l’aspect artificiel de la division, à la fois matérielle et personnelle, que tentait d’opérer le Nicaragua107. Plus encore que la division personnelle – qui peut déjà emporter d’inextricables difficultés opérationnelles pour la mise en œuvre de la décision –, c’est la division matérielle qui s’avère problématique. Ainsi, dans l’affaire qui opposait les États-Unis au Nicaragua, la gravité de faits animant la requête se réduisit dans des violations bénignes du traité d’amitié, telles l’interdiction d’entraver la circulation maritime, celle d’imposer des entraves à l’importation de biens depuis l’autre partie, celle d’interdire le transit sur son territoire à l’autre partie ou encore d’accorder un traitement équitable aux personnes, biens et intérêts nicaraguayens108. Dans l’affaire des Plates-formes, c’est sur une simple atteinte au commerce, telle qu’envisagée par l’article X § 1 du traité, que se concentrera l’ensemble du débat judiciaire. 

La position de la Cour sur cette segmentation des différends est explicitée dans l’affaire des Otages109, reprise notamment dans l’affaire Nicaragua : « aucune disposition du Statut ou du Règlement n’interdit à [la Cour] de se saisir d’un aspect d’un différend pour la seule raison que ce différend comporterait d’autres aspects, si importants soient-ils »110. D’un point de vue technique, l’argument ne suscite pas nécessairement la critique. En effet, le fait qu’un faisceau de différends juridiques existe entre les parties ne doit pas empêcher de les régler indépendamment les uns des autres, dès lors qu’ils sont suffisamment distincts. De même, c’est formellement le strict droit d’une partie de saisir la Cour d’un différend, ne fût-il qu’un parmi d’autres. Une telle division devient cependant problématique lorsqu’elle conduit à désagréger un tout indissociable en une somme de parties artificiellement abstraites de leur contexte. Une synecdoque injustifiée altère alors le raisonnement111.

Le caractère factice du litige -. Admettant d’être saisie d’un accessoire sans commune mesure avec le principal, la Cour ouvre la voie à des requêtes factices, fondées sur des différends mineurs. Le litige en débat devant la juridiction est alors : 

« parfaitement secondaire dans un contentieux dont l’enjeu est bien plus fondamental. On conçoit à ce titre que l’appui trouvé dans un traité de commerce et de navigation pour faire trancher des questions intéressant la paix et la sécurité internationale suscite quelque malaise »112.

Depuis l’affaire Nicaragua, qui suscita ces propos, le malaise est persistant. 

L’argument de facticité est déployé par de nombreux défendeurs dans leurs argumentations. Les États-Unis l’invoqueront par exemple à l’encontre du Nicaragua – auquel il sera reproché de dissimuler derrière des requêtes diverses une unique revendication tenant à l’emploi de la force113 – et de l’Iran – dont la requête est résumée par le défendeur à la volonté de le sanctionner pour son soutien à l’Iraq114. Le même argument d’« artificialité » servira le discours du Honduras contre le Nicaragua, l’objet de la saisine consistant à exercer des « pressions politiques » sur les États voisins115. La Cour cependant considèrera qu’il ne lui appartient pas de « s’interroger sur les motivations d’ordre politique qui peuvent animer un État, à un moment donné ou dans des circonstances déterminées, à choisir le règlement judiciaire »116. Les griefs officiellement formulés devant la Cour, dès lors qu’ils sont réels, attestent l’existence d’un différend entrant dans le champ de la convention invoquée pour fonder la compétence de la Cour. Peu importe alors qu’ils n’intéressent que très secondairement le demandeur, et que le recours à la justice internationale soit essentiellement instrumental.

Ainsi, seule l’inexistence ou le caractère fictif du lien dont le demandeur prétend déduire la compétence de la Cour constitue un obstacle à cette compétence. Le caractère partiel des requêtes, qui conduit à leur facticité, ne la conduit pas à décliner sa compétence. S’en tenant à l’apparence, la Cour adopte pourtant une démarche excessivement formaliste, qui dès lors ne convainc pas. En effet, la fiction se caractérise par la volonté de faire croire à ce qui n’est pas, et la facticité procède d’une utilisation contrefaite de ce qui est. Or, il n’est pas certain, en l’état de la jurisprudence de la Cour, que la différence y soit très marquée.

III. Le juge international et la guerre

Le consensualisme exigé pour l’accès au juge international, combiné à l’absence de clauses compromissoires figurant dans les conventions portant sur le droit de la guerre, engendre un déplacement singulier du débat judiciaire117. Les effets de ce déplacement dans les arrêts rendus au fond par la Cour pourraient faire l’objet d’une analyse approfondie. Il convient toutefois, pour rester dans le cadre de cette étude, de s’en tenir à quelques constats provisoires. On peut ainsi signaler la tendance de la Cour à extraire, parfois sous la contrainte d’impératifs procéduraux, les phénomènes de violence de leur réalité matérielle. Les défauts de cette tendance conduisent à se demander si le vieil argument tendant à considérer l’institution comme inadaptée à la résolution de situations d’hostilités actives est entièrement infondé. Peut-on en effet, ainsi que le prétend la haute juridiction, se désintéresser du conflit armé en tant que tel pour n’y voir qu’une simple « situation » appelant un règlement pacifique des questions juridiques en cause118 ? N’y a-t-il pas quelque illusion à prétendre appréhender un différend d’ordre guerrier comme un ensemble stable de droits et d’obligations à répartir, et quelque illogisme à prétendre régler pacifiquement un différend pour lequel une guerre est en train de se dérouler ? Une telle approche emporte deux conséquences : d’une part, le discours qu’elle produit sur les conflits armés ne peut-être que tronqué ; d’autre part, la volonté réitérée de traiter la guerre comme un différend n’échappant pas au droit commun soulève de graves problèmes de technique juridique. 

Un discours judiciaire tronqué -. La Cour, acceptant une compétence fondée sur des instruments qui ne recouvrent qu’une portion du conflit entre les parties, s’en tiendra strictement aux limites imposées par ces instruments. Il est donc impossible, comme elle le rappellera à la Bosnie-Herzégovine119, d’élargir le débat une fois établie la compétence. Les normes du droit de la guerre, propres à régir la situation, n’offrent aucun soutien aux revendications du demandeur. Les défauts de la phase de la compétence se transfèrent aux débats sur le fond. La décision de la Cour portera, et ne portera que, sur les violations des conventions comportant une clause compromissoire applicable. Alors que la situation matérielle est indiscutablement de nature guerrière, aucune règle du droit de la guerre ne sous-tendra la solution apportée. Dans ces conditions, la saisine de la Cour est au mieux sans effet sur la réalité de la situation et le discours produit est inévitablement tronqué des illicites et réparations essentiels. L’intention est sans doute louable, mais ce « dépeçage » du conflit armé en plusieurs unités conflictuelles susceptibles d’être résolues indépendamment les unes des autres méconnaît l’unité organique de ce type de situation. En éludant le contexte, la Cour s’épargne les considérations tragiques qui caractérisent encore les relations interétatiques. Ses arrêts peuvent alors à bon compte donner l’image d’une société internationale marchant à pas rapide vers une civilisation des mœurs. Cette représentation optimiste contraste toutefois radicalement avec celle que renvoie la jurisprudence des tribunaux pénaux internationaux. Ces juridictions, qui ne manquent pas de ressasser les phénomènes de violence massive, invitent en effet à des conclusions tout autres. La juxtaposition des deux pratiques juridictionnelles conduit en fait, subrepticement, à dresser à partir du droit international le tableau d’un ordre pacifié, qui ne serait qu’accidentellement troublé par des violences de nature individuelle.

Il est certain, en tout état de cause, qu’il y a un paradoxe à tenir la Cour internationale de justice à distance de la mise en œuvre du droit de la guerre, et à mener en parallèle une juridictionnalisation toujours croissante de cette question à l’échelle individuelle. Cette contradiction procède d’un obscurcissement du discours juridique qui, en reportant sur les seuls individus la responsabilité des crimes de masse, tend à occulter leur caractère éminemment collectif.

Les normes invoquées et la situation de guerre -. La seconde conséquence de cette pratique tient en l’application de normes à des situations qu’elles ne sont certainement pas appelées à régir. Dans son ordonnance relative à la situation en Géorgie, la Cour concède que les manquements invoqués à la convention sur l’élimination de la discrimination raciale « pourraient être couverts par d’autres règles du droit international, notamment de droit humanitaire »120. La question soulevée est, une nouvelle fois, celle de la place des droits de l’homme en cas de conflit armé. On touche ici une limite de la théorie du droit humanitaire comme lex specialis, théorie en laquelle la Cour a cherché depuis 1996 à enserrer le droit de la guerre121. Selon la jurisprudence de la Cour, les normes du droit de la paix continuent à trouver application en temps de guerre, et c’est seulement en tant que loi spéciale que le droit humanitaire s’applique122. Outre le problème d’opportunité que soulève immédiatement la question, sa mise en œuvre pose de sérieuses difficultés lorsque survient justement un conflit entre une norme générale, applicable en tous temps, et une autre spéciale au temps de guerre. L’affaire géorgienne est à cet égard symptomatique : la discrimination prohibée par la convention de 1965 trouve dans une large mesure son pendant dans le droit humanitaire. L’article 3 commun, les articles 13 et 27 de la IVème convention de Genève prohibent en effet les discriminations défavorables fondées sur « la race, la couleur, la religion ou la croyance, le sexe, la naissance ou la fortune, ou tout autre critère analogue »123. Dans le système établi par la Cour, la loi générale que constitue la convention de 1965 devrait logiquement s’effacer devant les règles applicables du droit humanitaire, et la Russie ne serait donc responsable que de la violation de ces dernières. La difficulté tient à ce que la convention de 1965 prévoit pour son application la compétence de la Cour, tandis que la règle de droit humanitaire ne le fait pas. Quel devient alors le fondement de la compétence de la Cour en l’espèce ? Sauf à admettre, au péril de la logique et du droit, la transposition de l’obligation procédurale afférente à une norme à l’ensemble des autres normes de contenu similaire, il est impossible de trouver une quelconque acceptation par la Russie de la juridiction de la Cour pour l’application des mesures de jus in bello. L’échappatoire, alors, peut consister à demeurer dans le champ du droit de la paix, en niant l’applicabilité à la situation du droit humanitaire, et donc l’existence d’un conflit armé124. Ici réside toute la difficulté du système que tente d’élaborer la Cour : équation à multiples variables, la solution en pratique devient imprévisible. La pondération humaniste que peut encore être tentée d’y appliquer la juridiction ne compensera assurément pas l’incertitude. Au stade des exceptions préliminaires, la Cour pouvait admettre sa compétence prima facie en évitant d’aborder frontalement la question. Il sera certainement plus difficile de l’omettre lors du jugement au fond.

Notes

1 Ces saisines portent sur sept contextes de recours aux armes distincts, dans le cadre de conflits internationaux comme internes, voire mixtes. Elles ont pu concerner – alternativement ou cumulativement – le jus ad bellum et le jus in bello. Certaines situations ont donné lieu à plusieurs requêtes. Les frappes de l’OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie (RFY) en 1999 ont ainsi été la cause de dix affaires, chacune étant portée contre un membre différent de l’Organisation. De même, la situation en République démocratique du Congo a été source de quatre requêtes (contre le Burundi, l’Ouganda et le Rwanda, cette dernière ayant été renouvelée en 2002). Le conflit en Amérique centrale en a généré trois (contre les États-Unis, le Costa Rica et le Honduras), tandis que celui lié à la dissolution de l’ex-Yougoslavie dans la première moitié des années 90 en a entraîné deux – de la Bosnie-Herzégovine puis de la Croatie – contre la RFY. Le conflit géorgien de l’été 2008, l’affaire des plates-formes pétrolières iraniennes et le différend indo-pakistanais constituent les autres occurrences de ce type de contentieux. A été exclue du décompte, comme du reste de l’analyse, l’affaire du détroit de Corfou : cette espèce se distingue trop des autres contentieux pour être mise utilement sur un même plan. Pour une étude systématique des affaires impliquant l’emploi de la force, voy. Georges Labrecque, La force et le droit, jurisprudence de la Cour internationale de Justice, Québec, éditions Yvon Blais, Bruylant, 646 p. 

2 A. Decencière-Ferrandière, « Quelques réflexions touchant le règlement des conflits internationaux », RGDIP, 1929, pp. 416-451.

3 C.I.J., Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci (Nicaragua c. États-Unis d’Amérique), compétence et recevabilité, arrêt, Recueil1984, p. 435, § 96.

4 J. Verhoeven, « Le droit, le juge et la violence. Les arrêts Nicaragua c. États-Unis », RGDIP, 1987, pp. 1159-1239 ; 
A. Pellet, « Le glaive et la balance », in Y. Dinstein (dir.), International Law at a Time of Perplexity – Essays in Honour of Shabtai Rosenne, Dordrecht, Martinus Nijhoff, 1989, pp. 539-566. 

5 Sur la notion de « saisine » en droit international et son régime, voy. M. Forteau, « La saisine des juridictions internationales à vocation universelle », in H. RuizFabri et J.M. Sorel, La saisine des juridictions internationales, Paris, Pedone, 2005, pp. 9-87.

6 C.I.J., Licéité de l’emploi de la force (Yougoslavie c. Belgique), mesures conservatoires, ordonnance du 2 juin 1999, Recueil 1999, pp. 131-132, §§ 16-19.

7 Idem, p. 132, § 20.

8 Le fondement de l’agrément ad hoc visé à l’article 38 § 5 du règlement de la Cour a été incorporé dans de nombreuses requêtes concernant des faits de guerre. L’accord corrélatif du défendeur n’a cependant jamais été obtenu.

9 La Cour confirmera l’absence dans le jus in bello de clause propre à fonder sa compétence dans l’affaire relative à l’application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, exceptions préliminaires, arrêt, C.I.J. Recueil 1996, p. 595, § 39, p 620. En ce qui concerne le jus ad bellum, il est significatif de constater que la Charte des Nations Unies elle-même est dépourvue de toute clause de ce type.

10 Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU le 21 décembre 1965 (résolution 2106 (XX)) et ouverte à la signature le 7 mars 1966. 

11 Requête introductive d’instance du 12 août 2008, déposée par la République de Géorgie contre la Fédération de Russie, p. 29, § 82 (Lorsque les documents ou plaidoiries cités n’ont pas encore fait l’objet d’une publication dans la série Mémoires, plaidoiries et documents, les renvois sont opérés vers les versions numériques mises à disposition sur le site de la Cour [http://www.icj-cij.org]).

12 C.I.J., Application de la convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (Géorgie c. Russie), mesures conservatoires, ordonnance du 15 octobre 2008, § 112 (non publié). 

13 Opinion dissidente à l’ordonnance du 15 octobre 2008, § 3. Un autre argument de l’opinion dissidente tient au manque d’égard aux conditions procédurales de la clause compromissoire invoquée : la jurisprudence de la Cour sur l’obligation et la possibilité pour les parties de négocier en situation de conflit a fait l’objet d’appréciations différentes : la Cour a ainsi considéré dans l’affaire Nicaragua que les circonstances de l’espèce rendaient illusoire le préalable diplomatique exigé par le traité de 1956 (Activités militaires et paramilitaires, exceptions préliminaires, op. cit., § 83). Elle exigera cependant de la RDC la preuve d’un tel préalable (C.I.J., Activités armées sur le territoire du Congo (nouvelle requête: 2002) (République démocratique du Congo c. Rwanda), mesures conservatoires, ordonnance du 10 juillet 2002, Recueil 2002, p. 247, § 79).

14 L’intitulé même de l’affaire (Instance introduite par la Géorgie) semble révéler la difficulté à déterminer l’objet réel de la requête. Sur l’intitulé des affaires devant la Cour, voy. M. Kamto, « L’intitulé d’une affaire portée devant la C.I.J. », RBDI, 2001-1, pp. 5-22. 

15 Requête déposée par la Géorgie, op. cit., p. 30, point a).

16 Idem, p. 30, point f).

17 Ibid., p. 30, point h).

18 Plaidoirie d’Alain Pellet, Compte-rendu de l’audience du 8 septembre 2008 à 15 h (CR 2008/23), p. 30, § 12.

19 Un accord de paix a été signé à Simla le 3 juillet 1972, et le Conseil de sécurité a pris note de la fin des hostilités dans sa résolution 307 (1971), dès la conclusion du cessez-le-feu.

20 Requête introductive d’instance du 11 mai 1973, déposée par le Pakistan contre l’Inde, C.I.J. Mémoires, Procès de prisonniers de guerre pakistanais, p. 6.

21 Il est vrai que « [l]es différends portés devant la Cour, qui deviennent de ce fait des litiges soumis à sa juridiction, ne sont que très rarement identiques au différend réellement existant entre deux États » (E. Jouannet, « Le juge international face aux problèmes d’incohérence et d’instabilité du droit international. Quelques réflexions à propos de l’arrêt CIJ du 6 novembre 2003, Affaire des Plates-formes pétrolières », RGDIP, 2004-4, p. 927). Cependant, la distorsion incontournable que génère par nature le prisme judiciaire tend à devenir, dans certaines espèces, un outil délibéré de détournement de la compétence du juge.

22 Art. XXXI du Traité américain de règlement pacifique (Pacte de Bogotá), signé le 30 avril 1948 à Bogotá, Recueil des Traités des Nations Unies, Vol. 30, p. 84.

23 Requête introductive d’instance présentée par le gouvernement du Nicaragua le 25 juillet 1986, C.I.J. Mémoires, Affaire relative à des actions frontalières et transfrontalières (Nicaragua c. Honduras), p. 3.

24 Requête introductive d’instance présentée par le gouvernement du Nicaragua le 25 juillet 1986, C.I.J. Mémoires, Affaire relative à des actions frontalières et transfrontalières (Nicaragua c. Costa Rica), p. 3.

25 Complément du 12 mai 1999 à la requête déposée par la RFY contre le Royaume de Belgique (non publié) et Complément du 12 mai 1999 à la requête déposée par la RFY contre le Royaume des Pays-Bas (non publié). La compétence de la Cour était envisagée par ces conventions comme portant respectivement sur « tous différends au sujet desquels les parties se contesteraient réciproquement un droit » (Art. 4 de la convention de conciliation, de règlement judiciaire et d’arbitrage, signée à Belgrade le 25 mars 1930 entre la Yougoslavie et la Belgique, Recueil des Traités de la Société des Nations, 1930, Vol. 106, p. 343, n° 2455) et sur « tous les litiges, de quelque nature qu’ils soient, portant sur un droit allégué par une des Hautes Parties contractantes et contesté par l’autre » (Art. 2 du traité de règlement judiciaire, d’arbitrage et de conciliation, signé à La Haye le 11 mars 1931 entre la Yougoslavie et les Pays-Bas, Recueil des Traités de la Société des Nations, 1932, Vol. 129, p. 90, n° 2952).

26 Mémoire du Nicaragua (questions de la compétence et de la recevabilité), C.I.J. Mémoires, Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci, Vol. I, p. 403. Cette base de compétence n’avait pas été mentionnée dans la requête introductive d’instance.

27 Requête introductive d’instance du 2 novembre 1992, présentée par la République islamique d’Iran contre les États-Unis d’Amérique, pp. 5-6 (non publié).

28 Requête du Pakistan contre l’Inde, op. cit., p. 7, § 11.

29 Requête introductive d’instance du 20 mars 1993, présentée par la République de Bosnie-Herzégovine contre la RFY, p. 1 (non publié).

30 Voy. par exemple : Requête introductive d’instance du 29 avril 1999, déposée par la RFY contre le Royaume de Belgique, p. 4 (non publié).

31 Requête introductive d’instance du 2 juillet 1999, déposée par la République de Croatie contre la RFY, p. 2 (non publié).

32 À l’exception de la requête contre l’Ouganda, cet État ayant accepté la juridiction obligatoire de la Cour conformément à l’article 36 § 2 du Statut, rendant non nécessaire l’établissement de la compétence de la Cour au moyen d’une clause compromissoire.

33 Sur la stratégie, et le désespoir, du requérant congolais en ce qui concerne l’établissement de la compétence de la Cour, voy. F. Latty, « La Cour internationale de justice face aux tiraillements du droit international : les arrêts dans les affaires des activités armées sur le territoire du Congo (RDC c. Ouganda, 19 décembre 2005 ; RDC c Rwanda, 3 février 2006) », AFDI, 2005, pp. 209 et s. Pour une étude détaillée des différentes clauses compromissoires invoquées et leur rejet par la Cour, voy. F. Dopagne, « Les exceptions préliminaires dans l’affaire des Activités armées sur le territoire du Congo (Nouvelle requête : 2002) (République démocratique du Congo c. Rwanda) », AFDI, 2007, pp. 328-346.

34 Voir par exemple la requête introductive d’instance du 23 juin 1999, déposée par la RDC contre la République du Burundi, pp. 8-9 (non publié). Les fondements sont identiques dans la requête formée à la même date contre la République du Rwanda (non publié).

35 Requête introductive d’instance du 28 mai 2002, déposée par la RDC contre la République du Rwanda (deuxième requête), p. 18 (non publié).

36 Activités armées sur le territoire du Congo (nouvelle requête: 2002), mesures conservatoires, op. cit., p. 242, § 62.

37 Requête de la RDC (RDC c. Rwanda, deuxième requête, 2002), op. cit., pp. 28 et s.

38 Sont ainsi visés les deux Pactes de 1966, la convention relative au statut de réfugié de 1951 et son protocole de 1967, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, la convention relative aux droits de l’enfant de 1989 et ses protocoles de 2002 relatifs respectivement à l’implication d’enfants dans les conflits armés et à la vente d’enfant, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants. Le demandeur invoque également la coutume internationale et les « principes généraux de base du droit humanitaire » dégagés par la Cour dans l’affaire Nicaragua. Enfin, dans une dernière série, la RDC en appelle notamment à la Déclaration universelle de 1948, aux Conventions de Genève de 1949 et à leurs protocoles de 1977.

39 C.I.J., Timor Oriental, arrêt du 30 juin 1995, Recueil 1995, p. 102, § 29. Sur cet aspect de l’arrêt, et notamment sur la transposition de la solution des normes erga omnes aux normes de jus cogensvoy. F. Latty, « La Cour internationale de justice face aux tiraillements du droit international… », op. cit., pp. 209-211.

40 Pour le commentaire de cet article : H. Ruiz Fabri, « Commentaire de l’article 66 de la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités », in O. Corten, P. Klein (éds), Commentaire des Conventions de Vienne sur le droit des traités, Bruxelles, Bruylant, 2006, T. 3, pp. 2390-2427, et notamment pp. 2410-2414. 

41 Sur ce point, voy. Y. Kerbrat, « De quelques aspects des procédures incidentes devant la Cour internationale de justice : Les ordonnances des 29 novembre 2001 et 10 juillet 2002 dans les affaires des activités armées sur le territoire du Congo », AFDI, 2002, p. 356 ; F. Dopagne, « Les exceptions préliminaires dans l’affaire des Activités armées sur le territoire du Congo… », op. cit., p. 336.

42 Une partie de la doctrine a déjà pu déplorer que certains acteurs juridiques internationaux soient tombés « sous le charme » de cette notion (M. J. Glennon, « De l’absurdité du droit impératif (jus cogens) », RGDIP, 2006-3, p. 530), au détriment de sa nature et de sa portée (pour une illustration, voy. F. Dopagne, « Les exceptions préliminaires dans l’affaire des Activités armées sur le territoire du Congo… », op. cit., p. 336).

43 Sur ce point, voyinfra, Partie II, a.

44 Requête de la RFY contre la Belgique, op. cit., p. 5.

45 Les seules exceptions concernent soit des affaires ayant été rapidement radiées du rôle (Congo c. Rwanda (première requête) ; Congo c. Burundi ; Nicaragua c. Costa Rica), soit des usages de la force armée ayant cessé définitivement avant l’introduction de l’instance (République islamique d’Iran c. États-Unis d’Amérique ; Croatie c. RFY).

46 Demande en indication de mesures conservatoires présentée par le Nicaragua (le 9 avril 1984, C.I.J. Mémoires, Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci, Vol. I, p. 29, § 10.

47 Demande en indication de mesures conservatoires présentée par la RDC (RDC c. Ouganda) le 19 juin 2000, p. 3, points 1) à 3) (non publié).

48 Pour une analyse des fondements de la compétence de la Cour au stade des mesures conservatoires, voy. L. Boisson de Chazournes, « Les ordonnances en indication de mesures conservatoires dans l’affaire relative à l’application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide », AFDI, 1993, pp. 516-525.

49 Demande en indication de mesures conservatoires présentée par la Bosnie-Herzégovine le 20 mars 1993, pp. 5-6, § 14, points 2) à 6) (non publié). Sur le fondement de l’article 2, il est demandé à la Cour d’enjoindre à la RFY de s’abstenir de tout soutien aux forces serbes de Bosnie et de renoncer elle-même à l’emploi ou à la menace d’emploi de la force. Au titre de l’article 51, la Bosnie-Herzégovine vise à obtenir de la Cour la reconnaissance de son droit de légitime défense individuelle et collective, reconnaissance comportant aux termes de la demande la levée de l’embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité (ce dernier point n’étant pas sans soulever de difficultés sur l’agencement des compétences respectives de la Cour et du Conseil de sécurité, voy. note 77). 

50 Idem, p. 5, § 14, point 1). Cette demande exige de la RFY la cessation de tous actes relevant du champ de la convention. Pourtant, l’objet de cette requête présente en pratique une grande proximité avec les demandes fondées sur le droit de la guerre. En effet, la cessation demandée au titre de la convention ne saurait tendre à une seule et irréelle suspension de l’intention génocidaire. Ce sont donc encore les actes matériels de belligérance qui sont visés. Cependant, le caractère génocidaire de ces actes permet ici de les inscrire sans contradiction dans le champ de l’instrument fondant la compétence de la Cour.

51 Sur les ordonnances de la Cour, voy. L. Boisson de Chazournes, « La Cour internationale de justice aux prises avec la crise du Kosovo : À propos de la demande en mesures conservatoires de la République fédérale de Yougoslavie », AFDI, 1999, pp. 453-471, et notamment pp. 456-459.

52 La demande, fondée sur l’article 2 § 4 de la Charte des Nations Unies, n’était acceptable qu’au regard des États ayant souscrit à la clause de juridiction obligatoire de l’article 36 § 2 du Statut. Elle ne le serait devenue à l’égard des autres États que dans l’hypothèse improbable d’une acceptation de la compétence de la Cour sur le fondement de l’article 38 § 5 du règlement de la Cour. On ne peut que regretter la confusion entretenue, peut-être à dessein, par la RFY entre les différents fondements de ses requêtes. Cette confusion conduit en effet à une étrange, quoiqu’opportune, forme de croisement entre les bases de compétences accessoires (article 38 § 5) et les demandes principales (jus ad bellum / jus in bello). Ce phénomène est encore accentué par l’indistinction des requêtes dirigées contre les différents membres de l’OTAN, en dépit d’un tissu conventionnel souvent très différent.

53 Demande en indication de mesures conservatoires présentée par la RFY (Serbie-et-Monténégro c. Belgique) le 29 avril 1999, p. 14 (non publié).

54 Demande en indication de mesures conservatoires présentée par la RDC (RDC c. Rwanda, deuxième requête) le 28 mai 2002, p. 26 (non publié).

55 Idem, p. 26.

56 Ibid., pp. 26-31.

57 Demande en indication de mesures conservatoires présentée par la Géorgie contre la Russie le 14 août 2008 (non publié).

58 Idem, p. 9, § 17, point b).

59 Établissant un parallèle avec le précédent Serbe dans l’affaire licéité de l’emploi de la force, l’opinion dissidente jointe à l’ordonnance de la Cour du 15 octobre 2008 note que « les actions armées de la Russie après le 8 août ne sauraient en elles-mêmes constituer des actes de discrimination raciale » (op. cit., §§ 8-9).

60 Ibid., p. 9, § 17, point c). La formulation sera modifiée en sa forme dans la seconde version de la demande, présentée le 22 août 2008, p. 9, § 23, points a) et b).

61 Comme pourrait par exemple le laisser supposer le quasi désintérêt de la RFY au stade des exceptions préliminaires (même si de nombreux facteurs expliquent son « absence totale d’esprit contentieux », voy. O. de Frouville, « Une harmonie dissonante de la justice internationale : les arrêts de la Cour internationale de justice sur les exceptions préliminaires dans l’affaire relative à la Licéité de l’emploi de la force », AFDI, 2004, p. 344).

62 Requête introductive d’instance (Nicaragua c. Costa Rica), op. cit., p. 6, §§ 14-22 ; Requête introductive d’instance (Nicaragua c. Honduras), op. cit., p. 6, §§ 21-29.

63 Requête de la Bosnie-Herzégovine, op. cit.,, § 135 a).

64 Cette requête sera modifiée par la suite, supprimant l’ensemble des demandes n’étant pas en lien direct avec la convention sur le génocide.

65 Requête de la Bosnie-Herzégovine, op. cit., pt. 135 b).

66 Idem, pt. 135 c).

67 Ibid., pt. 135 d), g), h) et i).

68 Ibid., pt. 135 e), f), j) à o).

69 Requête présentée par la RFY contre la Belgique, op. cit., p. 4, points 1) et 2).

70 Idem, points 3) à 7).

71 Ibid., point 8).

72 Voir par exemple la requête formée par la RDC contre le Burundi, op. cit., p. 14. Les griefs sont semblables envers le Rwanda et l’Ouganda. Dans ce dernier cas, il faut noter que l’usage de ces instruments n’appelle aucune critique, la compétence de la Cour étant fondée sur l’article 36 § 2 du Statut. Il est seulement une nouvelle fois à regretter que les demandeurs traitent de manière similaire des affaires qui, quoi que connexes en faits, s’inscrivent en droit dans des relations très différentes (voy. note 52). 

73 Idem.

74 Voir en ce sens les exceptions préliminaires présentées par la RFY, le 1er septembre 2002, pp. 53-57 (non publié). Dans son arrêt du 18 novembre 2008, la Cour a borné la question de sa compétence à l’étude de l’opposabilité de la convention génocide au défendeur. L’appartenance des faits litigieux au champ de la convention n’ayant pas fait l’objet de contestations par la RFY, la Cour ne s’est pas prononcée sur ce point. Sur la question, plus précise, de savoir si la communication d’information sur les disparus ou la restitution de biens culturels étaient des remèdes entrant dans le champ de la convention génocide, la Cour a estimé que les remèdes à apporter dépendaient des conclusions auxquelles elle aboutirait lors du jugement au fond. Le contenu de ces demandes n’est alors « pas de nature à faire l’objet d’une exception préliminaire » (C.I.J., Affaire relative à l’application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (Croatie c. Serbie), exceptions préliminaires, arrêt du 18 novembre 2008, pp. 47-48, §§ 139 et 143 (non publié)). 

75 Activités militaires et paramilitaires… (Nicaragua c. États-Unis d’Amérique), compétence et recevabilité, op. cit., p. 437, § 100.

76 Raisons parmi lesquelles figure en bonne place, de manière quasi-systématique, l’infériorité militaire des demandeurs. On relèvera par ailleurs que l’avènement d’un accord de paix entre les parties ne semble pas devoir mettre un terme à une action engagée devant la Cour. Ainsi, la Bosnie-Herzégovine n’a pas retiré sa requête après la conclusion des Accords de Dayton en 1995 (sur cet aspect, voy. S. Maljean-Dubois, « L’affaire relative à l’application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (Bosnie-Herzégovine c. Yougoslavie), arrêt du 11 juillet 1996, exceptions préliminaires », AFDI, 1996, p. 358). La Cour reste donc, même dans cette hypothèse, un moyen complémentaire pour les protagonistes d’obtenir des compensations qu’ils ne sont pas parvenus à faire inscrire dans les règlements diplomatiques.

77 Il faut en effet constater que, pour une large part des contentieux étudiés, le recours à l’organe judiciaire des Nations Unies se pose en contrepoint d’un échec à obtenir l’appui du Conseil de Sécurité, quelles que soient les raisons de cet échec. Du point de vue du principe, la Cour eu l’occasion d’affirmer que l’intervention simultanée du Conseil de sécurité dans un différend n’est pas un obstacle à la recevabilité de la requête (Activités militaires et paramilitaires… (Nicaragua c. États-Unis d’Amérique), compétence et recevabilité, op. cit., pp. 433-436, §§ 92-98). D’une part, la juridiction a rejeté l’argument de l’exclusivité de l’intervention du Conseil en ce qu’il « tend à transposer au plan international des notions internes de séparation des pouvoirs, alors que ces notions ne s’appliquent pas aux relations entre institutions internationales » (idem, p. 433 § 92). D’autre part, elle a affirmé que l’action des deux institutions procédait de « fonctions distinctes mais complémentaires » (ibid., p. 435, § 95), validant ainsi l’idée d’un « parallélisme fonctionnel » (A. Pellet, « Le glaive et la balance », op. cit., p. 550). Toutefois, du point de vue de ses modalités, cette solution ne va pas sans soulever certaines difficultés quant à l’articulation des missions des deux institutions, et à l’autorité de leurs décisions respectives. Le défendeur américain a ainsi pu craindre, sans être suivi par les juges, que la Cour soit érigée en organe d’ « appel » des décisions du Conseil de sécurité (Activités militaires et paramilitaires… (Nicaragua c. États-Unis d’Amérique), compétence et recevabilité, op. cit.,, p. 436, § 98). L’affaire ayant opposé la Bosnie-Herzégovine à la RFY offre une illustration topique de cette hypothèse d’appel (voy. note 49). En pratique, ce n’est qu’au prix de nombreuses précautions que la Cour parvint à éviter que ses arrêts n’entrent en confrontation avec les décisions du Conseil (sur ces différents aspects, voy. A.Pellet, « Le glaive et la balance », op. cit., pp. 545-550 ; L. Boisson de Chazournes, « Les ordonnances en indication de mesures conservatoires dans l’affaire relative à l’application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide », op. cit., pp. 534-536). De manière plus large, sur les conflits entre les questions de sécurité collective et de responsabilité internationale, voy. Mathias Forteau, Droit de la sécurité collective et droit de la responsabilité internationale, Paris, Pedone, 2006, 699 p.

78 Seules sept situations comportent des enseignements sur la manière dont la Cour a reçu les demandes des États. Cinq ont connu pour les demandeurs une issue favorable. Les requêtes de la RFY contre les membres de l’OTAN et de la RDC contre le Rwanda sont les seuls exemples d’incompétence. Concernant les autres cas, quatre ont été radiés du rôle avant toute décision sur la compétence, et deux n’ont pas encore fait l’objet d’une décision définitive de la Cour (sur l’arrêt du 18 novembre 2008, voy. note 74).

79 Activités militaires et paramilitaires…, compétence et recevabilité, op. cit., p. 427, § 81.

80 Mémoire soumis par le Rwanda (RDC c. Rwanda (première requête)) le 21 avril 2000, p. 10, § 2.12 (non publié).

81 Activités militaires et paramilitaires…, compétence et recevabilité, op. cit., p. 428, § 83.

82 C.I.J., Application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, exceptions préliminaires, arrêt, Recueil 1996, p. 614, § 27. Pour une analyse de cette affaire et notamment de l’existence d’un lien entre le différend soulevé et la clause compromissoire invoquée : S. Maljean-Dubois, « L’affaire relative à l’application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide…», op. cit., p. 373-375. 

83 Application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, exceptions préliminaires, op. cit., p. 617, § 35. 

84 Idem, pp. 619-620, § 38. La Cour fonde son raisonnement sur un argument combinant portée territoriale du traité de 1919 et droit des successions aux traités internationaux. Le traité des minorités concernait en effet uniquement la protection de celles-ci sur le territoire propre de l’État signataire. Par jeu de successions, la RFY ne serait donc tenue au respect des clauses de ce traité que sur la portion de territoire étant aujourd’hui la sienne, et non pour le territoire Yougoslave de l’époque. La Bosnie-Herzégovine n’ayant invoqué aucun manquement à la protection des minorités situées en RFY, la Cour ne peut caractériser un lien entre les faits allégués et le traité.

85 Activités armées sur le territoire du Congo (nouvelle requête: 2002), mesures conservatoires, op. cit., p. 247, § 79.

86 Activités militaires et paramilitaires…, compétence et recevabilité, op. cit., p. 428, § 83.

87 Requête de la République islamique d’Iran, op. cit., p. 5. L’allégation de violation du but et de l’objet sera nuancée dans la suite de la procédure, l’Iran limitant finalement sa requête à la violation d’articles précisément identifiés du traité. 

88 C.I.J., Plates-formes pétrolières (République islamique d’Iran c. États-Unis d’Amérique), exceptions préliminaires, arrêt, Recueil 1996, p. 809, § 15.

89 Idem, p. 815, § 31.

90 Ibid., p. 820, § 52.

91 Ibid., p. 813, § 28.

92 Pour une analyse de cet arrêt, et des contorsions logiques auxquelles la Cour doit recourir pour se saisir de l’aspect « emploi de la force » d’un différend fondé sur un traité essentiellement commercial, voy. P. d’Argent, « Du commerce à l’emploi de la force : l’affaire des plates-formes pétrolières (arrêt sur le fond) », AFDI, 2003, pp. 266-289, et notamment pp. 270-275. Voy. également , E. Jouannet, « Le juge international face aux problèmes d’incohérence et d’instabilité du droit international… », op. cit., p. 927.

93 Le fondement de la convention sur le génocide sera complété dans certaines des requêtes par des conventions spécifiques ou encore par l’invocation d’une acceptation de la compétence de la Cour au titre de l’article 36 § 2 du statut, sans davantage de succès pour le demandeur (sur cet aspect, voy. note 52).

94 Licéité de l’emploi de la force (Yougoslavie c. Belgique), mesures conservatoires, op. cit., p. 136, § 35. Il convient de ce point de vue d’isoler les cas des États-unis et de l’Espagne, la Cour ayant été amenée à se considérer manifestement incompétente du fait de l’existence de réserves à la clause compromissoire de cette convention. Ces réserves, dont la compatibilité avec la convention n’a pas été contestée, a conduit la juridiction à rayer les affaires de son rôle (voy. C.I.J., Licéité de l’emploi de la force (Yougoslavie c. États-Unis d’Amérique), mesures conservatoires, ordonnance du 2 juin 1999Recueil 1999, p. 924, § 25 et C.I.J., Licéité de l’emploi de la force (Yougoslavie c. Espagne), mesures conservatoires, ordonnance du 2 juin 1999Recueil 1999, p. 771, § 25).

95 Licéité de l’emploi de la force (Yougoslavie c. Belgique), mesures conservatoires, op. cit., p. 138, § 40.

96 Idem, p. 138, § 40.

97 Ibid., p. 138, § 41. 

98 Ibid., p. 136, § 35.

99 Ibid., p. 136, §§ 34-35.

100 Ibid., p. 136, § 35.

101 Mémoire relatif à la compétence de la Cour soumis par le Rwanda (RDC c. Rwanda (deuxième requête)) le 20 janvier 2003, p. 10 et s. L’inopposabilité des instruments invoqués par la RDC pouvait résulter soit de réserves écartant la compétence de la Cour (cas de la convention sur la discrimination raciale, mémoire, p. 11), soit simplement de l’absence totale de participation du défendeur à la convention (cas des conventions sur la torture et sur le génocide, mémoire, p. 10 et 13). D’autres conventions sont écartées en raison du non respect des conditions et procédures préalables à la saisine de la Cour (convention sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, convention Unesco, convention OMS, mémoire, pp. 16 et s.) ; sur ce dernier aspect voy. note 13.

102 Idem, p. 35, § 3.76.

103 Activités armées sur le territoire du Congo (nouvelle requête: 2002), mesures conservatoires, op. cit., p. 246, § 73.

104 Idem, p. 248, § 83.

105 Mémoire du Nicaragua (questions de la compétence et de la recevabilité), op. cit., p. 405, § 174.

106 C.P.J.I, Usine de Chorzów, série A, n° 17, p. 63.

107 C.I.J., Actions armées transfrontalières (Nicaragua c. Honduras), compétence et recevabilité, arrêtRecueil 1988, p. 91, § 53.

108 Activités militaires et paramilitaires…, compétence et recevabilité, op. cit., p. 428, § 82.

109 C.I.J., Personnel diplomatique et consulaire des États-Unis à Téhéran, Recueil 1981, p. 19, § 36.

110 Activités militaires et paramilitaires…, compétence et recevabilité, op. cit., p. 439, § 105.

111 Les conséquences de cette altération ont été mises en lumière au Conseil de sécurité lors des débats relatifs à l’arrêt du 27 juin 1986. Le Nicaragua avait demandé au Conseil de sécurité d’examiner le différend l’opposant aux États-Unis et « qui avait fait l’objet d’un arrêt de la Cour » (lettre du 22 juillet 1986, S/18230). Le représentant britannique prit soin de distinguer le différend général qui opposait les deux États de celui, plus réduit, qui avait été tranché par la Cour. Il souligna ainsi que la lettre du Nicaragua excédait le dispositif de l’arrêt et portait sur le différend en son entier. Il ajouta que « la Cour internationale de Justice n’[avait] pas eu à connaître des détails de l’ensemble du problème d’Amérique centrale » et qu’« il [était] inapproprié d’essayer de retenir, pour examen séparé, une toute petite partie du problème global, comme on [essayait] de le faire dans la lettre du Nicaragua […] » (Procès verbal de la 2704ème séance, S/PV.2704, pp. 47-48).

112 J. Verhoeven, op. cit., pp. 1181- 1182.

113 Activités militaires et paramilitaires…, compétence et recevabilité, op. cit., p. 431, § 89.

114 Exceptions préliminaires présentées par les États-Unis le 16 décembre 1993, p. 2, § 5-6 (non publié).

115 Actions armées transfrontalières (Nicaragua c. Honduras), compétence et recevabilité, op. cit., p. 91, § 51. Sur les mobiles de la saisine, voy. M. Forteau, « La saisine des juridictions internationales… », op. cit., p. 34. 

116 Idem, p. 91, § 52.

117 Quand il ne conduit pas la Cour à outrepasser délibérément sa compétence. La doctrine a ainsi pu constater un « contournement par la Cour de l’obstacle de son incompétence » (Y. Kerbrat, « De quelques aspects des procédures incidentes devant la Cour internationale de Justice…», op. cit., p. 358 et s.) au moyen d’obiter dicta constituant de véritables « sentences en passant » (idem). Cette tendance avait déjà été mise en lumière au sujet des mesures conservatoires demandées par la RFY en 1999, voy. L. Boisson de Chazournes, « La Cour internationale de justice aux prises avec la crise du Kosovo… », op. cit., pp. 463-465. Pour une analyse de cet usage des motifs par la Cour : G. Cahin, « La motivation des décisions de la Cour internationale de justice », in H. Ruiz Fabri et J.-M. Sorel, La motivation des décisions des juridictions internationales, Paris, Pedone, 2008, pp. 1-90, et notamment pp. 81-90.

118 Activités militaires et paramilitaires…, compétence et recevabilité, op. cit., p. 434, § 94.

119 Application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, exceptions préliminaires, op. cit., p. 620, § 39.

120 Application de la convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, op. cit., § 112.

121 C.I.J., Conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé, avis consultatif, Recueil 2004, p. 178, §§ 105-106 ; C.I.J., Licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires, avis consultatifRecueil 1996, p. 239, §§ 24-25.

122 Pour une analyse des rapports entre droits de l’homme et droit humanitaire, voy. S. Szurek, « Droit international des droits de l’homme et droit international humanitaire : entre guerre et paix », in Frontières du droit, critique des droits, billets d’humeur en l’honneur de Danièle Lochak, Paris, LGDJ, 2007, pp. 195-199.

123 La Géorgie et la Russie sont parties aux Conventions de Genève de 1949, respectivement depuis le 14 septembre 1993 et le 10 mai 1954. Aucune réserve ne fait obstacle à l’application de ces instruments à la situation.

124 Il est vrai que la complexité de la situation rend à la fois difficile et fluctuante la qualification d’une situation de conflit armé en l’espèce. Des premières interventions russes pendant la phase d’indépendance au début des années 90 à l’intervention de l’été 2008, l’histoire de la région est faite de tensions entre la Géorgie et ses provinces, sous la surveillance, constante et institutionnalisée, de troupes russes. Il est difficilement contestable que l’intervention du mois d’août 2008 constitue un conflit armé international : la Russie est en effet intervenue, quelle que soit la cause de cette intervention, en tant qu’État à l’encontre d’un autre État souverain. Les seuils d’application du droit humanitaire ont dès lors été franchis, sinon par l’existence d’une « guerre » au sens classique du droit international, au moins par l’avènement d’un « conflit armé surgissant entre deux ou plusieurs des Hautes Parties contractantes » au sens des articles 2 communs aux conventions de 1949. L’existence d’un conflit armé interne paraît de même caractérisée jusqu’à la signature des accords de Sotchi (avec les Ossètes) du 25 juin 1992 et de Moscou (avec les Abkhazes) le 14 mai 1994. La détermination de la nature de la situation dans l’intervalle, c’est-à-dire entre 1994 et 2008, est plus difficile. L’imprécision du droit conventionnel humanitaire est grande et la jurisprudence, notamment des tribunaux pénaux internationaux, très peu précise sur les critères à employer pour identifier un conflit armé interne, distinct de simples « situations de tensions internes, de troubles intérieurs, comme les émeutes, les actes isolés et sporadiques de violence et autres actes analogues, qui ne sont pas considérés comme des conflits armés » (second Protocole additionnel aux Conventions de Genève relatif à la protection de victimes de conflits non internationaux, 8 juin 1977, article 1 § 2). Il convient de simplement constater ici que la question géorgienne est restée inscrite à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, qui continuait, avant même les évènements de 2008, de parler de « séparation des forces », de « cessez-le-feu » et de « conflit » (Résolution 1808, 15 avril 2008). Il ne fait aucun doute que la Cour internationale de justice aura une mission ardue lorsqu’elle tentera de qualifier, pour chacun des moments de l’affaire, s’il existe une situation juridique de conflit armé entraînant l’application du droit humanitaire.

Informations

Référence :

R. Le Boeuf, « La saisine de la Cour internationale de Justice pour faits de guerre », Revue belge de droit international, 2009, pp. 53-77.

trad. : R. Le Boeuf, « The International Court of Justice and Acts of War » (english mirror version), Documentsdedroitinternational.frRevue belge de droit international, 2009, pp. 53-77.

Important note :

This is an english mirror of the french version of the article, automatically translated. The translation has not been corrected. It is given as such, as an introduction to the french version. Online version of the text may differ from the final edited version. For a reliable quotation, please refer to the published version of the journal.

Summary

The International Court of Justice is increasingly called upon to deal with facts relating to the use of force. However, it appears that the combination of its procedural rules and certain « loopholes » in the law of war deprive it of the essential rules applicable to situations of this type. This state of the law forces applicants to resort to legal instruments unrelated to the facts they wish to bring before the Court, and leads the Court to rule on cases that are truncated of their essential characteristics. The result is that the entire judicial debate is displaced, as illustrated, for example, by the dispute between Georgia and Russia.


International Court of Justice and Acts of War

More than twenty cases relating to the use of force have been brought before the International Court of Justice since it was established1 . The Georgian application of 12 August 2008 is the latest example of recourse to an inter-state judge in a context of active hostilities. While submitting a dispute of this nature to judicial settlement may have raised a number of difficulties at the time2 , it has now been established that the presence of « serious elements of the use of force »3 is not an obstacle to the Court’s jurisdiction. This question, which has already been the subject of much thought4 , does not need to be revisited. However, the use of the Court’s jurisdiction reveals certain tendencies on the part of States which it is important to highlight, in that they involve a form of circumvention of the rules of jurisdiction established by the Court’s Statute. Georgia’s referral to the Court at5 provides a topical illustration of this situation. It should be remembered at the outset that the presence of acts of war in a dispute submitted to the Court has no effect on the conditions governing its referral: neither the seriousness of the acts in question nor their urgency detract from the procedural rigour. Thus, even if the Court declares itself « deeply concerned by the human tragedy, the loss of human life and the terrible suffering […] which form the backdrop to the dispute »6 , it cannot do without the consent of the States involved7 . Establishing this jurisdiction may raise only relative difficulties – common to other types of dispute – when the basis for the referral is found in Article 36(2) of the Statute or in an ad hoc agreement by the respondent8 . The situation is different when recourse is had to Article 36(1), which requires the applicant State to prove that it has a clause specifically providing for the Court’s jurisdiction. This is the only aspect to which we will turn our attention. 

At first glance, the norms of the law of war would appear to be perfectly capable of justifying a claim for violation before the principal judicial organ of the United Nations. However, a quick review of the grounds of jurisdiction invoked by States in order to bring a case before the Court shows that, while these rules have indeed been the basis for many applications on the merits by States, they have never been used to found the Court’s jurisdiction under Article 36 § 1. This is simply because no instrument in this field contains an arbitration clause9 . A State faced with the use of force must therefore base its referral on instruments outside the corpus of the law of war. The entire judicial debate is then shifted to areas that are completely at odds with the original nature of the dispute. 

Georgia’s application falls into this category. The applicant asked the Court to declare « that the Russian Federation […] has violated its obligations under CERD10 « 11 . The use of a convention whose purpose is to combat racial discrimination as a basis for the Court’s jurisdiction in a case essentially concerning the use of force is surprising. Although the Court ultimately upheld its prima facie jurisdiction at the interim stage of this case12 , seven of its fifteen judges disassociated themselves from the decision, taking the view that : 

It is « curious, to say the least, that Georgia, which traces the alleged acts of racial discrimination committed by Russia in violation of the ICERD back to the early 1990s, should have waited for the armed conflict in which it was a party with Russia […] before immediately bringing before the Court a dispute relating to the application of that Convention »13 . 

Filed just a few days after the outbreak of fighting in the summer of 2008, the application clearly targets acts of war committed by the respondent, even if it includes elements predating the Russian intervention. More than the context, it is the demands formulated by Georgia in its application that lead one to see in the dispute submitted to the Court anything other than a case of racial discrimination14 : a first demand is for the cessation of hostilities by Russia and the withdrawal of its troops15 , another for the non-recognition of the separatist regions of South Ossetia and Abkhazia16 , and a third for the restoration of Georgian authority over these regions17 . Although more in line with the 1965 Convention, the other requests appear secondary, and the Russian defence does not fail to denounce a « cosmetic sprinkling [which] is obviously not sufficient to alter the nature of the request »18 . 

The attempt is not new. As early as 1973, the beginnings of a discrepancy between the ends pursued and the means adopted could be observed in the application filed by Pakistan against India. This application essentially concerned the fate and repatriation of prisoners of war held in India despite the cessation of hostilities19 . The unilateral suspension of the repatriation of prisoners constituted, according to the application20 , a violation of the IIIème and IVème Geneva Conventions. However, it was Article IX of the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide (hereinafter the Genocide Convention) that was invoked as the basis for the Court’s jurisdiction. In this case, the artifice was only partial, since India had justified the fate of the prisoners by its desire to have them tried, in particular, for crimes of genocide. So there was indeed a dispute between India and Pakistan over the application of the Genocide Convention, and although the dispute over the Genocide Convention was only incidental to the main issue of the fate of the POWs, the two issues were very closely intertwined, indeed ultimately inseparable. In subsequent cases, however, the systematic transposition of disputes relating to acts of war into the scope of other instruments gave the referrals an alternatively artificial or instrumental turn. 

This practice, which has been constant since the Court’s earliest days in the field of armed conflict, is not destined to be abandoned. For the applicant, it is the ultimate palliative for what, from his point of view, appears to be a gap in the Convention. However, this expedient raises serious difficulties. Difficulties of principle, firstly, in that the purpose of the procedure is to give the Court jurisdiction to rule on situations that in principle fall outside its jurisdiction. Secondly, there are difficulties of application, as the Court’s discourse is bound to be distorted or truncated21 by referrals using inappropriate tools and shedding only partial light on the truth. The ever-increasing number of cases brought before the Court concerning acts of war requires an assessment of the phenomenon. Above all, it now provides a sufficient number of cases to draw up a faithful sketch of State practice (I), as well as its reception by the Court (II).

I – Qualification of acts of war in state applications

States have a tangible difficulty in finding an instrument that is in force between the plaintiff and the defendant, contains an arbitration clause and relates to the dispute submitted to the Court. Clearly, the first two parameters are not susceptible of degree. The only key that claimants can use to open the door to the international courtroom is therefore the one relating to the conformity of the subject matter of the dispute with that of the convention in question. The desire of States to have recourse to a jurisdictional body to ensure their political and territorial integrity leads them to invoke, as a basis for the Court’s jurisdiction, a patchwork of conventions that bear only an imperfect relationship to the real nature of the conflict. An empirical analysis should therefore be made of the formal instruments used to date by States to establish the Court’s jurisdiction (a). It will then be possible to compare these instruments with the reality of the measures expected by States (b).

A – The diversity of jurisdictional bases invoked

While the absence of arbitration clauses in conventions relating to the law of war should result in a dearth of arguments on the part of claimants, the latter do not hesitate, in their claims, to multiply the legal bases of their actions. 

Conventional law -. Some of the conventions invoked deserve only passing attention, as they do not pose any real difficulties. This is particularly the case with judicial settlement agreements, i.e. agreements establishing between the parties a general acceptance of the Court’s jurisdiction. The Pact of Bogotá, which provided for jurisdiction « in all disputes of a juridical nature that arise among them »22 , was used in cases between Nicaragua and Honduras23 and Costa Rica24 . It was the same type of instrument that enabled the FRY to supplement – unsuccessfully for other reasons – the applications lodged against Belgium and the Netherlands in 199925 .

The scope of arbitration clauses is generally much more limited and, to paraphrase the established formulae, is confined to establishing the Court’s jurisdiction over disputes relating to the application and interpretation of the treaty in which they are inserted. 

Treaties of friendship have thus provided the basis for the Court’s jurisdiction on two occasions. In the Nicaragua case, the plaintiff invoked – in addition to the United States’ bitterly contested subscription to the Court’s compulsory jurisdiction – a 1956 treaty of friendship, commerce and navigation, which provided for the jurisdiction of the International Court in the event of a dispute relating to its application26 . The Treaty of Friendship, Navigation and Consular Rights will also serve as the basis for Iran’s action against the United States in the Oil Platforms case27 .

Other conventions, with a much narrower scope, have also been used by States. Although they do not directly concern acts of war, these instruments generally cover situations that are close to such acts, from which the claimants intend to benefit. Article IX of the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide has thus become the cornerstone of the Court’s jurisdiction over acts of war. This text was used by Pakistan against India in 1973 to support claims relating to prisoners of war28 , by Bosnia-Herzegovina against the FRY in 199329 , by the FRY against the Member States of NATO in 199930 , by Croatia against the FRY31 , and finally by the Congo in its applications of 1999 and 200232 . Until recently, Article IX of the Genocide Convention was the only special arbitration clause to provide a basis for the Court’s action, but since 1999 it has faced increasingly prolific competition. The mere presence of such a clause now seems sufficient to legitimise in the minds of the applicants the invocation of a treaty to establish the Court’s jurisdiction in cases of use of force, without regard to its actual substantive content.

The initiator of this approach was the Congo33 : unable to base the Court’s jurisdiction over acts committed on its territory by Burundi and Rwanda on any basis other than the illusory Rule 38 § 5 of the Court’s Rules of Procedure, this applicant simultaneously invoked Articles 30 and 14 of the 1984 New York Convention against Torture and Other Cruel, Inhuman or Degrading Treatment or Punishment and the 1971 Montreal Convention for the Suppression of Unlawful Acts against the Safety of Civil Aviation34 . The phenomenon became more pronounced. Boldly, it became caricatured in the application reintroduced against Rwanda in 2002. More than ten arbitration clauses were invoked simultaneously. In addition to the 1984 New York Convention and the 1971 Montreal Convention, which had already been invoked in the 1999 application, this new application invoked the 1979 Convention on Discrimination against Women, the 1965 Convention on the Elimination of All Forms of Racial Discrimination, the Convention on Genocide, the Constitution of the World Health Organisation and the Unesco Statute35 , to which were added the 1947 United Nations Convention on the Privileges and Immunities of the Specialised Agencies and the Headquarters Agreement between the DRC and MONUC of 4 May 200036. The Congolese application did not stop there: in order to complete the partial picture that its bundle of treaties was intended to paint of the conflict pitting it against Rwanda, the Congo added to the application a long series of conventions to which its adversary was not even a party, but which it was, according to the applicant, obliged to respect by virtue of the imperative nature of their content37 . These included international and regional conventions on human rights and the laws of war38 .

Beyond conventional law? -. However, jus cogens cannot in itself confer jurisdiction on the Court, and the peremptory nature of the norm to be protected does not imply compulsory jurisdiction for the Court39 . In order to justify its recourse to peremptory norms before the Court, the DRC invoked, rather unusually, Article 66 of the 1969 Vienna Convention on the Law of Treaties40 . This article gives the Court jurisdiction over any « dispute concerning the application or interpretation of Articles 53 or 64 » of the Convention. However, although these two articles have an indisputable link with jus cogens norms, they are concerned solely with the invalidity of treaties and do not in any way allow a State to be condemned for violating, even seriously, a peremptory norm41 . The Congo’s attempt displaces the recognised functions of jus cogens: as a simple element of contractual technique, this concept can only disappoint those who, elevating it to the status of a myth42 , attempt to extend it beyond its natural limits.

The Congo’s approach is symptomatic of the desperate nature of the action taken by applicants required to establish the Court’s jurisdiction over acts of war. It bears witness to the frustration felt by certain States which, despite having their rights protected by the most essential instruments of international law, are unable to have their violations sanctioned before the judicial body of the United Nations. The number and diversity of the conventions in question illustrate the truly contingent nature of their use. These instruments are used only insofar as they make it possible to establish the Court’s jurisdiction, regardless of their substantive content. 

B – Uniform objectives

The grounds invoked by States are therefore extremely varied, and the use of force may be presented as an infringement of a vague treaty declaration of friendship43 or as a violation of the right to work44 of the citizens of the requesting State. The diversity of legal bases does not, however, reflect the objectives that really drive the applications. From this point of view, the applicants’ expectations are perfectly unambiguous and the multiple violations alleged to establish the Court’s jurisdiction are ultimately based on common requirements. 

Applications for precautionary measures. Even more than applications on the merits, requests for precautionary measures give a precise idea of the motivation of applicants faced with the use of force. Two observations emerge from a study of these applications. The first, quantitative, is the almost systematic nature of such requests45 . The second, qualitative, confirms the unambiguous nature of the measures proposed. With the exception of the case of the trial of the Pakistani prisoners of war, the aim is always to obtain an injunction from the Court to cease the use of force. 

In the dispute with the United States, Nicaragua asked the Court to rule, as a protective measure, that : 

« the United States should immediately cease and desist from providing, directly or indirectly, any support […] and from any military and paramilitary activities […] and from any other use or threat of force in its relations with Nicaragua »46 . 

The same request was made in the application lodged by the DRC against Uganda in 1999, seeking the withdrawal of troops, the immediate cessation of fighting and assistance to entities fighting against the Congolese Government47 . Insofar as they are based on a general acceptance of the Court’s jurisdiction by the respondent under Article 36 § 2 of the Statute, the conclusions of these applications seeking the application of the law of the Charter and general international law do not raise any problem of principle. The situation is very different when the Court’s jurisdiction is established on the basis of an arbitration clause excluding those rules from the scope of the case. 

The applicants therefore paid very little attention to the discrepancy between the content of the conventions they invoked as a basis for the Court’s jurisdiction and the measures they requested. In its 1993 application, although the Court’s jurisdiction was based principally on Article IX of the Genocide Convention48 , Bosnia-Herzegovina based five of its six applications for interim measures on the law of the Charter, and more specifically on Articles 2 and 51 thereof49 . Only one application relates to the Genocide Convention50 . It was also a measure of pure jus ad bellum that the FRY requested as a precautionary measure in 1999, in the case that pitted it against the members of NATO51 . Without even pretending to place its application within the jurisdiction of the Court52 , the applicant this time merely requested that each defendant be called upon to « cease immediately the use of force and to refrain from any act constituting a threat or use of force against the Federal Republic of Yugoslavia »53 . 

The most recent applications to the Court concerning the use of force bear witness to an evolution. States are taking a more subtle approach to obtaining a cessation of hostilities from the Court, and their requests are presented in a more indirect manner. This can be seen in the Congo’s application in 2002. The applicant’s objective remains to obtain from the Court the « cessation of the war of aggression »54 of which it claims to be a victim. However, this cessation is no longer referred to as such. It is referred to only insofar as the war is « the source and cause of all the massive, serious and flagrant violations of human rights and international humanitarian law »55 , and insofar as it is the basis for all the other violations listed in the application56 . The war is thus presented as an aggregate of distinct violations, which, although it cannot be the subject of an application as a whole, can be broken down into a series of unlawful acts in respect of which the Court’s jurisdiction is established. 

The disjunction between the war and its effects continues to fuel Georgia’s arguments. The initial application for provisional measures57 is strictly confined to requiring Russia to cease its violations of the Convention on the Elimination of All Forms of Racial Discrimination, which serves as the basis for the Court’s jurisdiction. Georgia’s request therefore presupposes only that Russia abstain « from any and all conduct that could result, directly or indirectly, in any form of ethnic discrimination by its armed forces »58 . It is therefore the discriminatory use of force by the Russian armies against the « ethnic Georgians » that is the subject of the application, and not the principle of the use of force itself. However, the distinction between friend and foe, which is inherent in a situation of war, can always be reduced, in the final analysis, to ethnic or national discrimination prohibited by the Convention. It is therefore the conduct of warfare that is rendered impossible and, through the accusation of discrimination, the use of force that is targeted59 . The Georgian applicant proceeded in the same way with regard to the request for compliance with the rules of jus in bello. Under the terms of this request, the Russian Federation must : 

« immediately cease and desist from discriminatory violations of the human rights of ethnic Georgians, including attacks against civilians and civilian objects, murder, forced displacement, denial of humanitarian assistance, extensive pillage and destruction of towns and villages »60 . 

The lexicon and content of the application undoubtedly borrow from humanitarian law. However, by identifying the victims as « ethnic Georgians », the applicant reminds the Court that the dispute is posed in terms of discrimination. 

This attempt to obtain a decision from the Court on an issue that is a priori outside the scope of the limited dispute submitted to it is, in many respects, reminiscent of the practice of the ECHR and amounts, mutatis mutandis, to establishing the jurisdiction of the Court « by ricochet ». State practice in relation to referrals tends to separate as far as possible questions of jurisdiction from those of substance. The basis of jurisdiction chosen to establish the Court’s jurisdiction therefore has no real impact on the content of the provisional measures requested. The urgency felt by the applicant to halt the progress of its adversary justifies any means capable of leading the Court to order, even if only provisionally, the cessation of hostilities.

The main dispute -. The question that arises is whether or not the provisional phase, and the Court’s eventual order for the cessation of military operations, exhaust the litigation61 . In practice, it seems that the applications in the main proceedings largely overlap with those made on a precautionary basis, and are essentially aimed at obtaining definitive confirmation of the provisional measures. The essential distinguishing feature between the two phases is that, in addition to the claim for cessation of the unlawful act, there is also a claim for compensation for the damage suffered. Questions of jurisdiction do not disappear, however, and the debate may even intensify, with the Court no longer satisfied with a simple prima facie jurisdiction. 

The charges relating to the use of force are thus maintained in the main proceedings. These claims vary according to the specific features of each conflict: for example, interference in internal affairs, attacks on the integrity of citizens and attacks on the free movement of maritime traffic are alleged in Nicaragua’s applications against the United States, Honduras and Costa Rica62 . In addition to the demands for the cessation of acts of genocide63 and the use of force, Bosnia-Herzegovina’s initial application64 also concerns violations of the four Geneva Conventions of 1949 and Protocol I of 1977, as well as the fundamental and customary principles of the law of war65 , i.e. most of the rules of jus in bello. It also refers to various instruments for the protection of human rights, such as the Universal Declaration of 194866 , as well as general international law67 and the Charter of the United Nations68 . The FRY’s application in the main proceedings covers both the use of force itself (including interference in internal affairs)69 and the manner in which it was used (non-discrimination against the civilian population, protection of cultural property in wartime, weapons causing superfluous injury, damage to the environment)70 . The claim also relates to the violation of human rights, including in particular the right to life, to work, to information and to healthcare71 . The only point relating to the qualification of genocide is placed tenth in the application, after even the violation of the prohibition on obstructing free movement on watercourses. The DRC’s application also alleges violations of the principle prohibiting the use of force, the Geneva Conventions and the main general human rights instruments72 . The allegations of torture and violations of air safety73 , which form the basis of the Court’s jurisdiction, are still only of very low rank.

Finally, two cases differ in that they do not have as their main object the cessation of the use of force – this having ceased at the time of the application. Nevertheless, although the applications do not seek to put an end to the unlawful use of force, this issue remains at the heart of the claims. In the Platforms case, Iran is seeking reparation for military attacks. And while Croatia’s claim appears to be purely based on elements outside the Genocide Convention, its demands for reparation give off a strange whiff of jus in bello. The restitution of cultural property and information about the missing are two measures that traditionally come under the law of war74 .

To conclude more generally on the purpose of applications submitted to the Court in relation to acts of war, it should be noted that while « the Court is not asked to put an end to the conflict by the mere power of words »75 , the aim pursued by States is indeed to obtain from the Court a definitive resolution of the conflict. If the conflict is ongoing, the application seeks to put an end to its military manifestations. If it has ended, the claim seeks compensation for the damage caused by past operations. The claimants then project onto the decisions of the International Court of Justice the functions of traditional instruments for restoring peace – such as cease-fires and peace agreements – which, for various reasons76 , they have been unable to get their adversary to adopt. Nor does this practice fail to reveal, in negative form, the positions adopted – or concealed – by the Security Council to the detriment of the plaintiffs77 . 

II – The Court’s acceptance of these qualifications

The disjunction between the basis of jurisdiction invoked and the objectives pursued by the States is the most striking feature of their referral practice. The question is therefore how the Court deals with applications where the substantive claims have only a questionable link with the legal standard on which its jurisdiction is based. In the end, there have been few judgments in this area78 . However, it is already possible to discern from this case-law the essential features of the Court’s assessment of States’ characterisations of acts of war. 

The practice of disconnecting the substance of the debate from the basis of the judge’s jurisdiction was thus denounced very early on by the defendants. As early as the Nicaragua case, the United States highlighted the need for a link between the facts that gave rise to the application and the basis of jurisdiction invoked to establish the Court’s jurisdiction. The disputed basis was the Treaty of Friendship, Navigation and Commerce concluded between the parties in 1956. The United States argued that there must be a « reasonable relationship »79 between the alleged basis of jurisdiction and the claims before the Court. In other words, the facts in dispute had to be capable of classification as falling within the scope of the treaty. This relationship, according to the objection raised, was lacking in the present case. This concept of a « reasonable report » was later adopted by the United States in the Oil Platforms case, and by Rwanda in the first dispute with the Congo80 . 

The argument is easily understood. Indeed, not to require a link between the subject matter to which the arbitration clause applies and the nature of the dispute would have contradicted both the letter and the spirit of treaties containing such clauses. Indeed, it was on the basis of the very terms of the clause contained in the 1956 Treaty that the Court adopted the argument, replacing the idea of a « reasonable relationship » with that of the existence of « a dispute between the parties, in particular as to the ‘interpretation or application’ of the treaty »81 . The wording used in the case in point was slightly modified and became a position of principle from 1993 onwards, with the Court henceforth affirming the need to establish between the parties « the existence of a dispute falling within the provisions of the Convention »82 . 

However, the principle of requiring a link does not mean that it is simple to implement. The link proposed by the States may simply not exist (A). Even if it is proven to exist, it may still reveal only a very partial, and therefore distorted, picture of the reality before the Court (B).

The question of the existence of a « link » between the facts submitted to the Court for judgment and its jurisdiction has been raised on numerous occasions, to the extent that some States have deplored « sterile controversies between the parties as to whether or not [conduct] is ‘sufficiently directly related’ to the Convention »83 . However, there is often nothing dilatory about disputing this link. The Court may simply find that there is no link on the basis of the evidence before it, but it may still require the judges to deconstruct the fiction put forward by the applicants. 

The existence of a link -. The need for a link leads the Court to decline jurisdiction when instruments unrelated to the dispute submitted are at stake. This requirement led it, for example, in the case brought by Bosnia-Herzegovina in 1993, to disregard the Treaty on the Protection of Minorities concluded after the First World War, in the absence of a Bosnian claim falling within the territorial scope of the treaty84 . The same lack of a claim linked to the text invoked led the Court to reject its jurisdiction under the Montreal Convention on Aviation Safety in the case brought by the DRC against Rwanda. The Convention on Discrimination against Women was similarly dismissed in the same case, as the applicant had not « specified which of the rights protected by that Convention had been infringed by Rwanda »85 . In these different examples, it is a manifest lack of dispute that leads the Court not to accept jurisdiction. 

But the absence of a link may also be less obvious, particularly when States seek to include their dispute in the very general formulations that often characterise the opening lines of international treaties. In such cases, it is the lack of normative value of the allegedly violated text that excludes the dispute from the scope of the convention and precludes the Court’s jurisdiction. The traditional formulas of diplomacy – eternal peace and sincere friendship – then reveal both their emptiness and their inability to provide a basis for action. From this point of view, the Court seems to have hardened its position between the Nicaragua and the Platforms judgments. In the Nicaragua judgment, the American breaches of the very general references to peace and friendship86 included in the preamble appear, even though they are referred to together with other rules, to be capable of founding the Court’s jurisdiction. This position led Iran, in an initial version of its pleadings, to plead breach of the « spirit and purpose » of the friendship treaty binding it to the United States87 , a plea that was subsequently withdrawn by the applicant88 . Indeed, the Court is now much less willing to take into consideration general undertakings of this nature. Whereas in 1984 it had accepted only the fact, set out in the preamble, that the States were « desirous of strengthening the bonds of peace and friendship which have traditionally united the two countries », it now denies any normative scope to Article 1er of the treaty with Iran, which nevertheless provides that « there shall be a stable, lasting and sincere peace » between the parties. In fact, it is not so much the normative value of this article that is denied as its autonomy89 . However, even if the Court cannot « lose sight » of it90 , the article in question only sets an objective to be achieved, an objective through which the other provisions must be interpreted91 . There can therefore be no dispute between the parties, nor, by the same token, any jurisdiction for the Court92 . 

The fictitious nature of the link -. The fictitious nature hypothesis largely overlaps with the non-existence hypothesis. But whereas non-existence was characterised by the absence of facts falling within the scope of the instruments relied on, fictitiousness results from the inadequacy of the facts in dispute to the characterisation that the claimant applies to them. Although this character is ultimately reduced to the absence of a dispute, it deserves particular attention. The manoeuvring involved reveals the difficulties encountered by the plaintiffs in taking legal action, and the means used to circumvent them. 

This is the case in Legality of Use of Force. In this case, the FRY brought before the Court a complaint relating to the air strikes to which it was subjected by the members of NATO, but essentially based the jurisdiction of the Court on the Genocide Convention93 . The defendants disputed the relevance of the Convention94 . They were followed on this point by the judges, who found – as no one could seriously doubt – « that the use of force in itself cannot constitute an act of genocide »95 . In fact, the intentional element characteristic of the crime of genocide was lacking96 . As the facts before it were not likely to be characterised as genocide, the Court refused, upon its prima facie assessment, to recognise its jurisdiction on the basis of the 1948 Convention97 . But it was only after deconstructing the applicant’s arguments that the Court was able to take such a decision. According to the applicant, war subjects a national group, contrary to Article II(c) of the Genocide Convention, « to conditions calculated to bring about its physical destruction »98 . More specifically, environmental damage and the use of weapons that cause long-term damage, such as depleted uranium99 , are considered to be sources of conditions leading to the physical destruction of the group. The destruction of infrastructure, particularly electrical infrastructure, was « implicit evidence of the intention to destroy totally or partially the Yugoslav national group as such »100 . However, the outrageous nature of the characterisation gives rise to suspicions that the FRY was offering the Court more than an argument: implicitly, the high court was being asked to « act as if » the facts were what the applicant said they were, on the basis of the fundamental nature of the interests to be protected. The Court refused to accept the fiction.

The fictitious nature of the link is still partly the reason why the Court rejected the DRC’s application against Rwanda. In the face of the plethora of instruments invoked by the Applicant, it should be noted first and foremost that the Respondent did very little to counter the fictitious nature argument. Pluralitas non est ponenda sine necessitate, the defence limited its argument to the very classic – but also very convincing – questions of the enforceability of instruments101 . The fictitiousness argument comes into play again when the enforceability of the agreement in question cannot be challenged beyond doubt. Rwanda, which is undoubtedly bound by the Vienna Convention, argues that there is no link between the dispute submitted to the Court and the subject-matter of article 66 of that Convention102 . Giving back to the article in question its true meaning and to the concept its true scope, the judges had, at the provisional stage, noted the absence of any dispute « concerning a conflict between a treaty and a peremptory norm of international law »103 . Following the elucidation of an identical manoeuvre, the Court also dismissed the Unesco Convention: the arbitration clause contained in this instrument concerned only the interpretation of the Convention, whereas the Congolese application was essentially aimed at sanctioning a failure to apply it. As the Court concluded, such an application « does not therefore appear to fall within the scope of the said article »104 . 

The following qualification is based on a completely different kind of fiction. While the claimant’s strategy sometimes tends to amplify the facts, to exaggerate them in order to make them assume a qualification that they do not achieve, the approaches common to Nicaragua and Iran proceed from the opposite reasoning. Rather than exaggerating the facts, the aim this time is to reduce them to proportions that bear no relation to their initial seriousness. In their arguments concerning the breach of friendship treaties, the claimants complain that the United States, through its military actions, failed to fulfil its obligation to treat the nationals, property and undertakings of the opposing party fairly and equitably. In its statement of claim, Nicaragua points out that : 

« Armed attacks against Nicaragua by air, land and sea, resulting in the loss of human lives, severe human suffering and material damages cannot be seen as ‘equitable treatment to the persons, enterprises and other interests’ of Nicaraguan nationals »105 . 

The argument is so incontrovertible that it becomes suspect, and if the garb of genocide is too large for the use of force, the garb of breach of a general obligation enshrined in a treaty with a commercial purpose is far too narrow. Bypassing the apparent obviousness of the proposition, the Court restores the scope of the norm invoked and the proportions and nature of the facts. It resituates the discourse in a broader field than the artificially reduced one in which the plaintiff intended to hold it. This form of fiction blends in this time with the partial nature of the applications before the Court.

B – Admitting fragmentary qualifications

For States subject to the use of force, obtaining a decision from the Court is a necessity. Faced with this imperative, it is of little importance to States that only part of the facts are subsumed under the established characterisation. Entering through a small back door, however, means leaving a quantitatively and qualitatively significant part of the grievances outside the courtroom. This initial approach alters the entire debate.

The partial nature of the link. The procedural framework leaves neither the Court nor the applicant much room for manoeuvre. The dilemma of jurisdiction then arises in terms of little or nothing. Some judgments, based on pleas that are particularly anecdotal in relation to the reality of the facts, nevertheless pose serious problems of judicial policy. They also raise the question of whether an all-or-nothing policy might not be more satisfactory for all concerned. When the Court is seized of a sometimes minute part of a whole on which it cannot focus, it runs the risk of handing down decisions that are difficult to understand. While the risk of its decisions not being applied should not influence its action106 , it should undoubtedly have regard to their applicability. 

The partial nature of the dispute submitted to the Court can take two forms, as illustrated by the defence presented by Honduras. Citing the general nature of the conflict in Central America, the State emphasised the artificial aspect of the division, both material and personal, that Nicaragua was attempting to bring about107 . Even more problematic than the personal division – which can already give rise to inextricable operational difficulties in implementing the decision – is the material division. Thus, in the case between the United States and Nicaragua, the seriousness of the facts underlying the application was reduced to minor breaches of the Treaty of Friendship, such as the prohibition on impeding maritime traffic, the prohibition on imposing obstacles to the import of goods from the other party, the prohibition on preventing the other party from transiting through its territory, or the prohibition on granting fair treatment to Nicaraguan persons, property and interests108 . In the Platforms case, the entire judicial debate focused on a simple effect on trade, as envisaged by Article X § 1 of the Treaty.

The Court’s position on this segmentation of disputes is set out in the Hostages case109 , and repeated in particular in the Nicaragua case: « nothing in the Statute or the Rules prevents [the Court] from taking up one aspect of a dispute for the sole reason that the dispute involves other aspects, however important they may be »110 . From a technical point of view, the argument is not necessarily open to criticism. The fact that there is a cluster of legal disputes between the parties should not prevent them from being resolved independently of each other, provided that they are sufficiently distinct. Similarly, it is strictly the right of a party to bring a dispute before the Court, even if it is only one of several. Such a division becomes problematic, however, when it leads to an indissociable whole being broken down into a sum of parts artificially abstracted from their context. An unjustified synecdoche then alters the reasoning111 .

The bogus nature of the dispute -. When the Court accepts that it is seised of an incidental matter that has nothing to do with the main issue, it opens the way to bogus applications based on minor disputes. The dispute before the court is then : 

« It is understandable, therefore, that the support found in a treaty of commerce and navigation for a decision on questions of international peace and security should give rise to some unease. In this respect, it is understandable that the support found in a treaty of commerce and navigation for the determination of questions affecting international peace and security should give rise to some unease »112 . 

Since the Nicaragua affair, which gave rise to these remarks, the unease has persisted. 

The facticity argument is used by many defendants in their submissions. The United States, for example, will invoke it against Nicaragua – which is accused of concealing behind various requests a single demand relating to the use of force113 – and Iran – whose request is summed up by the defendant as a desire to sanction it for its support for Iraq114 . The same argument of « artificiality » was used by Honduras against Nicaragua, the object of the application being to exert « political pressure » on neighbouring States115 . However, the Court took the view that it was not for it to « consider the political motivations which may lead a State, at a given moment or in given circumstances, to choose a judicial settlement »116 . Complaints officially lodged with the Court, if they are genuine, attest to the existence of a dispute falling within the scope of the Convention invoked as a basis for the Court’s jurisdiction. It matters little, then, that they are of only very secondary interest to the claimant, and that recourse to international justice is essentially instrumental.

Thus, only the non-existence or fictitious nature of the link from which the applicant claims to infer the Court’s jurisdiction constitutes an obstacle to that jurisdiction. The partial nature of the applications, which leads to their fictitious nature, does not lead the Court to decline jurisdiction. However, by confining itself to appearances, the Court adopts an excessively formalistic approach, which is therefore unconvincing. Fiction is characterised by a desire to make people believe in something that is not, and facticity arises from a counterfeit use of something that is. As the Court’s case law stands, it is not certain that the difference is very marked.

III – The international judge and war

The consensualism required for access to the international courts, combined with the absence of arbitration clauses in conventions relating to the law of war, gives rise to a singular shift in the judicial debate117 . The effects of this shift in the Court’s judgments on the merits could be the subject of an in-depth analysis. However, to remain within the scope of this study, it is appropriate to confine ourselves to a few provisional observations. We can point to the Court’s tendency to extract the phenomena of violence from their material reality, sometimes under the pressure of procedural imperatives. The shortcomings of this tendency raise the question of whether the old argument that the institution is unsuited to resolving situations of active hostilities is entirely unfounded. Is it possible, as the high court claims, to lose interest in armed conflict as such and see it merely as a ‘situation’ requiring a peaceful resolution of the legal issues involved118 ? Is it not somewhat illusory to claim to understand a war dispute as a stable set of rights and obligations to be distributed, and somewhat illogical to claim to settle peacefully a dispute in which a war is taking place? Such an approach has two consequences: on the one hand, the discourse it produces on armed conflict can only be truncated; on the other hand, the repeated desire to treat war as a dispute that does not escape ordinary law raises serious problems of legal technique. 

A truncated judicial discourse. The Court, accepting jurisdiction based on instruments that cover only part of the conflict between the parties, will confine itself strictly to the limits imposed by those instruments. It is therefore impossible, as it will remind Bosnia-Herzegovina119 , to broaden the debate once jurisdiction has been established. The norms of the law of war, which govern the situation, do not offer any support to the applicant’s claims. The shortcomings of the jurisdiction phase are transferred to the debates on the merits. The Court’s decision will concern, and will concern only, breaches of conventions containing an applicable arbitration clause. While the material situation is indisputably of a warlike nature, no rule of the law of war will underlie the solution provided. In these conditions, the referral to the Court has at best no effect on the reality of the situation and the discourse produced is inevitably truncated by the illicit and essential reparations. The intention is undoubtedly laudable, but this « disaggregation » of the armed conflict into several conflicting units that can be resolved independently of each other ignores the organic unity of this type of situation. By avoiding the context, the Court spares itself the tragic considerations that still characterise inter-State relations. Its judgments can therefore justifiably give the image of an international society marching apace towards a civilisation of morals. However, this optimistic picture contrasts radically with the one painted by the case law of the international criminal tribunals. These courts, which never fail to reiterate the phenomena of mass violence, lead us to quite different conclusions. In fact, the juxtaposition of the two legal practices leads us to surreptitiously draw up a picture of a pacified order based on international law, which is only accidentally disturbed by individual acts of violence.

In any case, it is clear that there is a paradox in keeping the International Court of Justice at a distance from the implementation of the law of war, while at the same time increasing the jurisdiction of this issue at the individual level. This contradiction stems from a blurring of the legal discourse which, by shifting responsibility for mass crimes onto individuals alone, tends to obscure their eminently collective nature.

The standards invoked and the war situation -. The second consequence of this practice is that standards are applied to situations that they are certainly not intended to govern. In its order concerning the situation in Georgia, the Court conceded that the breaches of the Convention on the Elimination of Racial Discrimination invoked « could be covered by other rules of international law, in particular humanitarian law »120 . The question raised is, once again, that of the place of human rights in the event of armed conflict. Here we come up against the limits of the theory of humanitarian law as a lex specialis, a theory into which the Court has sought since 1996 to confine the law of war121 . According to the Court’s case law, the norms of the law of peace continue to apply in time of war, and it is only as a special law that humanitarian law applies122 . Apart from the problem of expediency that the question immediately raises, its implementation poses serious difficulties precisely when a conflict arises between a general norm, applicable at all times, and another that is special to wartime. The Georgian case is symptomatic in this respect: the discrimination prohibited by the 1965 Convention is to a large extent mirrored in humanitarian law. Common Article 3 and Articles 13 and 27 of the Fourth Geneva Convention prohibit unfavourable discrimination based on « race, colour, religion or belief, sex, birth or wealth, or any other similar criteria »123 . In the system established by the Court, the general law constituted by the 1965 Convention should logically take a back seat to the applicable rules of humanitarian law, and Russia would therefore only be liable for breaching the latter. The difficulty lies in the fact that the 1965 Convention provides for the Court’s jurisdiction in its application, whereas the rule of humanitarian law does not. What, then, is the basis of the Court’s jurisdiction in the present case? Short of accepting, at the risk of logic and law, the transposition of the procedural obligation relating to one norm to all other norms of similar content, it is impossible to find any acceptance by Russia of the Court’s jurisdiction to apply jus in bello measuresThe way out, then, may be to remain within the scope of the law of peace, denying the applicability of humanitarian law to the situation, and therefore the existence of an armed conflict124 . Herein lies the difficulty of the system that the Court is attempting to develop: an equation with multiple variables, the solution in practice becomes unpredictable. The humanist weight that the Court may still be tempted to apply will certainly not compensate for the uncertainty. At the preliminary objections stage, the Court was able to accept its prima facie jurisdiction by avoiding tackling the issue head-on. It will certainly be more difficult to omit it during the judgment on the merits.

Notes

1 These referrals relate to seven distinct contexts of the use of weapons, in the context of international as well as internal or even mixed conflicts. They may have concerned – alternatively or cumulatively – jus ad bellum and jus in bello. Some situations have given rise to several applications. NATO’s strikes against the Federal Republic of Yugoslavia (FRY) in 1999 gave rise to ten cases, each brought against a different member of the Organisation. Similarly, the situation in the Democratic Republic of Congo was the source of four applications (against Burundi, Uganda and Rwanda, the latter being renewed in 2002). The conflict in Central America generated three (against the United States, Costa Rica and Honduras), while the conflict linked to the dissolution of the former Yugoslavia in the first half of the 1990s led to two – from Bosnia-Herzegovina and then Croatia – against the FRY. The Georgian conflict in the summer of 2008, the Iranian oil rigs affair and the Indo-Pakistani dispute are the other occurrences of this type of dispute. The Corfu Channel case was excluded from the list, as it was from the rest of the analysis: it is too different from other disputes to be usefully placed on the same level. For a systematic study of cases involving the use of force, see. Georges Labrecque, La force et le droit, jurisprudence de la Cour internationale de Justice, Québec, éditions Yvon Blais, Bruylant, 646 p. 

2 A. Decencière-Ferrandière, « Quelques réflexions touchant le règlement des conflits internationaux », RGDIP, 1929, pp. 416-451.

3 I.C.J., Military and Paramilitary Activities in and against Nicaragua (Nicaragua v. United States of America), Jurisdiction and Admissibility, Judgment, [1984] ECR 435, § 96.

4 J. Verhoeven, « Le droit, le juge et la violence. Les arrêts Nicaragua c. États-Unis », RGDIP, 1987, pp. 1159-1239; 
A. Pellet, « Le glaive et la balance », in Y. Dinstein (ed.), International Law at a Time of Perplexity – Essays in Honour of Shabtai Rosenne, Dordrecht, Martinus Nijhoff, 1989, pp. 539-566. 

5 On the concept of « seisin » in international law and its regime, see M. Forteau, « La saisine des juridictions internationales vocation universelle », in H. Ruiz Fabri and J.M. Sorel, La saisine des juridictions internationales, Paris, Pedone, 2005, pp. M. Forteau, « La saisine des juridictions internationales à vocation universelle », in H. Ruiz Fabri and J.M. Sorel, La saisine des juridictions internationales, Paris, Pedone, 2005, pp. 9-87.

6 I.C.J., Legality of Use of Force (Yugoslavia v. Belgium), Provisional Measures, Order of 2 June 1999, Reports 1999, pp. 131-132, §§ 16-19.

7 Idem, p. 132, § 20.

8 The basis for the ad hoc agreement referred to in Rule 38 § 5 of the Rules of Court has been incorporated into many applications concerning acts of war. However, the correlative agreement of the respondent has never been obtained.

9 The Court confirmed the absence in the jus in bello of any clause capable of founding its jurisdiction in the case concerning the application of the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide, Preliminary Objections, Judgment, I.C.J. Reports 1996, p. 595, § 39, p. 620. With regard to jus ad bellum, it is significant to note that the United Nations Charter itself is devoid of any clause of this type.

10 International Convention on the Elimination of All Forms of Racial Discrimination, adopted by the UN General Assembly on 21 December 1965 (resolution 2106 (XX)) and opened for signature on 7 March 1966. 

11 Application instituting proceedings of 12 August 2008 lodged by the Republic of Georgia against the Russian Federation, p. 29, § 82 (Where the documents or pleadings cited have not yet been published in the pleadings and documents series, references are made to the digital versions available on the Court’s website [http://www.icj-cij.org]).

12 I.C.J., Application of the International Convention on the Elimination of All Forms of Racial Discrimination (Georgia v. Russia), Provisional Measures, Order of 15 October 2008, § 112 (unreported). 

13 Dissenting opinion to the order of 15 October 2008, § 3. Another argument in the dissenting opinion relates to the lack of regard for the procedural conditions of the arbitration clause invoked: the Court’s case-law on the obligation and the possibility for the parties to negotiate in a situation of conflict has been the subject of different assessments : the Court thus considered in the Nicaragua case that the circumstances of the case rendered the diplomatic precondition required by the 1956 Treaty illusory (Military and Paramilitary Activities, Preliminary Objections, op. cit, § 83). It will, however, require the DRC to prove that it has done so (I.C.J., Armed Activities on the Territory of the Congo (New Application: 2002) (Democratic Republic of the Congo v. Rwanda), Provisional Measures, Order of 10 July 2002, Reports 2002, p. 247, § 79).

14 The very title of the case (Proceedings brought by Georgia) seems to reveal the difficulty of determining the real subject-matter of the application. On the title of cases before the Court, see M. Kamto, « L’intitulé d’une affaire portée devant la C.I.R. ». M. Kamto, « L’intitulé d’une affaire portée devant la C.I.J. », RBDI, 2001-1, pp. 5-22. 

15 Application lodged by Georgia, op. cit. p. 30, point (a).

16 Idem, p. 30, point f).

17 Ibid, p. 30, point h).

18 Argument by Alain Pellet, Minutes of the hearing of 8 September 2008 at 3 p.m. (CR 2008/23), p. 30, § 12.

19 A peace agreement was signed in Simla on 3 July 1972, and the Security Council took note of the end of hostilities in its resolution 307 (1971) as soon as the ceasefire was concluded.

20 Application instituting proceedings of 11 May 1973, filed by Pakistan against India, I.C.J. Pleadings, Trial of Pakistani prisoners of war, p. 6.

21 It is true that « [t]he disputes brought before the Court, which thereby become disputes subject to its jurisdiction, are only very rarely identical to the dispute actually existing between two States » (E. Jouannet, « Le juge international face aux problèmes d’incohérence et d’instabilité du droit international. Quelques réflexions à propos de l’arrêt CIJ du 6 novembre 2003, Affaire des Plates-formes pétrolières », RGDIP, 2004-4, p. 927). However, the inescapable distortion that the judicial prism generates by its very nature tends, in certain cases, to become a deliberate tool for abusing the judge’s jurisdiction.

22 Art. XXXI of the American Treaty of Peaceful Settlement (Pact of Bogotá), signed on 30 April 1948 in Bogotá, United Nations Treaty Series, Vol. 30, p. 84.

23 Application instituting proceedings submitted by the Government of Nicaragua on 25 July 1986, I.C.J. Pleadings, Case concerning Frontier and Transboundary Actions (Nicaragua v. Honduras), p. 3.

24 Application instituting proceedings submitted by the Government of Nicaragua on 25 July 1986, I.C.J. Pleadings, Case concerning Frontier and Transboundary Actions (Nicaragua v. Costa Rica), p. 3.

25 Supplement of 12 May 1999 to the application lodged by the FRY against the Kingdom of Belgium (unpublished) and Supplement of 12 May 1999 to the application lodged by the FRY against the Kingdom of the Netherlands (unpublished). The Court’s jurisdiction was envisaged by these Conventions as covering, respectively, « all disputes in respect of which the parties are mutually disputing a right » (Art. 4 of the Convention on Conciliation, Judicial Settlement and Arbitration, signed at Belgrade on 25 March 1930 between Yugoslavia and Belgium, League of Nations Treaty Series, 1930, Vol. 106, p. 343, no. 2455) and on « all disputes of whatever nature relating to a right alleged by one of the High Contracting Parties and contested by the other » (Art. 2 of the Treaty on Judicial Settlement, Arbitration and Conciliation, signed at The Hague on 11 March 1931 between Yugoslavia and the Netherlands, Recueil des Traités de la Société des Nations, 1932, Vol. 129, p. 90, no. 2952).

26 Memorial of Nicaragua (questions of jurisdiction and admissibility), I.C.J. Memorials, Military and Paramilitary Activities in and against Nicaragua, Vol. I, p. 403. This basis of jurisdiction had not been mentioned in the application instituting the proceedings.

27 Application instituting proceedings of 2 November 1992, presented by the Islamic Republic of Iran against the United States of America, pp. 5-6 (unpublished).

28 Application by Pakistan against India, op. cit. p. 7, § 11.

29 Application instituting proceedings of 20 March 1993, lodged by the Republic of Bosnia-Herzegovina against the FRY, p. 1 (unpublished).

30 See for example: Application instituting proceedings of 29 April 1999, lodged by the FRY against the Kingdom of Belgium, p. 4 (unpublished).

31 Application instituting proceedings of 2 July 1999, lodged by the Republic of Croatia against the FRY, p. 2 (not published).

32 With the exception of the application against Uganda, that State having accepted the compulsory jurisdiction of the Court in accordance with Article 36 § 2 of the Statute, making it unnecessary to establish the Court’s jurisdiction by means of an arbitration clause.

33 On the Congolese applicant’s strategy, and desperation, with regard to establishing the Court’s jurisdiction, see. F. Latty, « La Cour internationale de justice face aux tiraillements du droit international : les arrêts dans les affaires des activités armées sur le territoire du Congo (RDC c. Ouganda, 19 décembre 2005 ; RDC c Rwanda, 3 février 2006) », AFDI, 2005, pp. 209 et seq. For a detailed study of the various arbitration clauses invoked and their rejection by the Court, see. F. Dopagne, « Les exceptions préliminaires dans l’affaire des Activités armées sur le territoire du Congo (Nouvelle requête: 2002) (République démocratique du Congo c. Rwanda) », AFDI, 2007, pp. 328-346.

34 See, for example, the application instituting proceedings of 23 June 1999, lodged by the DRC against the Republic of Burundi, pp. 8-9 (unreported). The grounds are identical in the application lodged on the same date against the Republic of Rwanda (unpublished).

35 Application instituting proceedings of 28 May 2002, lodged by the DRC against the Republic of Rwanda (second application), p. 18 (unpublished).

36 Armed Activities on the Territory of the Congo (new application: 2002), Provisional Measures, op. cit. p. 242, § 62.

37 Application by the DRC (DRC v. Rwanda, second application, 2002), op. cit. pp. 28 et seq.

38 These include the two 1966 Covenants, the 1951 Convention relating to the Status of Refugees and its 1967 Protocol, the African Charter on Human and Peoples’ Rights, the 1989 Convention on the Rights of the Child and its 2002 Protocols on the involvement of children in armed conflict and on the sale of children, child prostitution and child pornography. The applicant also invokes international custom and the « general basic principles of humanitarian law » identified by the Court in the Nicaragua case. Lastly, in a final series, the DRC refers in particular to the 1948 Universal Declaration, the 1949 Geneva Conventions and their 1977 protocols.

39 ICJ, East Timor, judgment of 30 June 1995, Reports 1995, p. 102, § 29. On this aspect of the judgment, and in particular on the transposition of the erga omnes norms solution to jus cogens norms, see. F. Latty, « La Cour internationale de justice face aux tiraillements du droit international », op. cit. pp. 209-211.

40 For a commentary on this article: H. Ruiz Fabri, « Commentaire de l’article 66 de la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités », in O. Corten, P. Klein (eds), Commentaire des Conventions de Vienne sur le droit des traités, Brussels, Bruylant, 2006, T. 3, pp. 2390-2427, and in particular pp. 2410-2414. 

41 On this point, see. Y. Kerbrat, « De quelques aspects des procédures incidentes devant la Cour internationale de justice: Les ordonnances des 29 novembre 2001 et 10 juillet 2002 dans les affaires des activités armées sur le territoire du Congo« , AFDI, 2002, p. 356; F. Dopagne, « Les exceptions préliminaires dans l’affaire des Activités armées sur le territoire du Congo…« , op. cit. p. 336.

42 Some legal scholars have already deplored the fact that certain international legal actors have fallen « under the spell » of this concept (M. J. Glennon, « De l’absurdité du droit impératif (jus cogens) », RGDIP, 2006-3, p. 530), to the detriment of its nature and scope (for an illustration, see F. Dopagne, « Les exceptions préliminaires dans affaire Activités armées sur territoire du Congo… », op. cit. F. Dopagne, « Les exceptions préliminaires dans l’affaire des Activités armées sur le territoire du Congo…« , op. cit. p. 336).

43 On this point,see infra, Part II, a.

44 Application by the FRY against Belgium, op. cit. p. 5.

45 The only exceptions concern cases that were quickly struck off the list (Congo v. Rwanda (first application); Congo v. Burundi; Nicaragua v. Costa Rica), or where the use of armed force ceased definitively before proceedings were instituted (Islamic Republic of Iran v. United States of America; Croatia v. FRY). Burundi; Nicaragua v. Costa Rica), or where the use of armed force ceased definitively before the proceedings were instituted (Islamic Republic of Iran v. United States of America; Croatia v. FRY).

46 Request for the indication of provisional measures submitted by Nicaragua (9 April 1984, I.C.J. Pleadings, Military and Paramilitary Activities in and against Nicaragua, Vol. I, p. 29, § 10.

47 Request for the indication of provisional measures submitted by the DRC (DRC v. Uganda) on 19 June 2000, p. 3, points (1) to (3) (unreported).

48 For an analysis of the basis of the Court’s jurisdiction at the provisional measures stage, see L. Boisson de Chazournes, « Les ordonnances en indication de mesures conservatoires dans l’affaire relative à l’application de la convention pour la prévention et la répression de crime de génocide ». L. Boisson de Chazournes, « Les ordonnances en indication de mesures conservatoires dans l’affaire relative à l’application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide », AFDI, 1993, pp. 516-525.

49 Request for the indication of provisional measures submitted by Bosniaand Herzegovina on 20 March 1993, pp. 5-6, § 14, paragraphs (2) to (6) (unreported). On the basis of Article 2, the Court is asked to enjoin the FRY to refrain from any support for the Bosnian Serb forces and to refrain itself from the use or threat of use of force. Under Article 51, Bosnia and Herzegovina is seeking recognition by the Court of its right of individual and collective self-defence, a recognition which, under the terms of the application, includes the lifting of the arms embargo imposed by the Security Council (this last point being not without its difficulties as regards the arrangement of the respective competences of the Court and the Security Council, see note 77). 

50 Idem, p. 5, § 14, point 1). This application requires the FRY to cease all acts falling within the scope of the Convention. In practice, however, the subject-matter of that application is very similar to applications based on the law of war. The cessation sought under the Convention cannot be aimed at a single, unreal suspension of genocidal intent. It is therefore still the material acts of belligerence that are targeted. However, the genocidal nature of these acts allows them to be included without contradiction in the scope of the instrument founding the Court’s jurisdiction.

51 On the Court’s orders, see. L. Boisson de Chazournes, « La Cour internationale de justice aux prises avec la crise du Kosovo : À propos de la demande en mesures conservatoires de la République fédérale de Yougoslavie », AFDI, 1999, pp. 453-471, and in particular pp. 456-459.

52 The application, based on Article 2 § 4 of the Charter of the United Nations, was acceptable only to those States that had subscribed to the compulsory jurisdiction clause in Article 36 § 2 of the Statute. It would have become acceptable to other States only in the unlikely event that they accepted the Court’s jurisdiction on the basis of Rule 38(5) of the Rules of Court. It is regrettable that the FRY has, perhaps deliberately, confused the various grounds for its applications. This confusion leads to a strange, albeit opportune, form of cross-referencing between the bases of ancillary jurisdiction (Article 38 § 5) and the main applications (jus ad bellum jus in bello). This phenomenon is exacerbated by the indistinctness of applications against different NATO members, despite the fact that the fabric of their treaties is often very different.

53 Request for the indication of provisional measures submitted by the FRY (Serbia and Montenegro v. Belgium) on 29 April 1999, p. 14 (unreported).

54 Request for the indication of provisional measures submitted by the DRC (DRC v. Rwanda, second application) on 28 May 2002, p. 26 (unreported).

55 Idem, p. 26.

56 Ibid, pp. 26-31.

57 Request for the indication of provisional measures submitted by Georgia against Russia on 14 August 2008 (not published).

58 Idem, p. 9, § 17, point b).

59 Drawing a parallel with the Serbian precedent in the lawfulness of the use of force case, the dissenting opinion appended to the Court’s order of 15 October 2008 noted that « Russia’s armed actions after 8 August cannot in themselves constitute acts of racial discrimination » (op. cit., §§ 8-9).

60 Ibid, p. 9, § 17, point c). The wording will be changed in the second version of the application, submitted on 22 August 2008, p. 9, § 23, points a) and b).

61 As might be suggested, for example, by the FRY’s virtual lack of interest at the preliminary objections stage (even if many factors explain its « total lack of litigious spirit », see O. de Frouville, « Une harmonie dissonante de la justice internationale: les arrêt de la Cour internationale de justice sur les exceptions préliminaires dans l’affaire relative la Licéité de l’emploi de force », in O. de Frouville, « Une harmonie dissonante de la justice internationale: les arrêts de la Cour internationale de justice sur les exceptions préliminaires dans l’affaire relative à la Licéité de l’emploi de la force« , AFDI, 2004, p. 344).

62 Application initiating proceedings (Nicaragua v. Costa Rica), op. cit., p. 6, §§ 14-22; Application initiating proceedings (Nicaragua v. Honduras), op. cit., p. 6, §§ 21-29.

63 Application by Bosnia and Herzegovina, op. cit., § 135 (a).

64 This request was subsequently amended, deleting all requests not directly related to the Genocide Convention.

65 Application of Bosnia-Herzegovina, op. cit., pt. 135 (b).

66 Idem, pt. 135 c).

67 Ibid, pt. 135 d), g), h) and i).

68 Ibid, pt. 135 e), f), j) to o).

69 Application lodged by the FRY against Belgium, op. cit. p. 4, points (1) and (2).

70 Idem, points 3) to 7).

71 Ibid, point 8).

72 See, for example, the application lodged by the DRC against Burundi, op. cit. p. 14. The complaints against Rwanda and Uganda are similar. In the latter case, it should be noted that the use of these instruments does not call for any criticism, as the Court’s jurisdiction is based on Article 36 § 2 of the Statute. It is only regrettable once again that the applicants are treating in a similar way cases which, although related in fact, are in law part of very different relationships (see note 52). 

73 Idem.

74 See to this effect the preliminary objections submitted by the FRY on 1er September 2002, pp. 53-57 (unpublished). In its judgment of 18 November 2008, the Court confined the question of its jurisdiction to the question whether the Genocide Convention could be relied on against the Respondent. As the FRY had not challenged whether the facts at issue fell within the scope of the Convention, the Court did not rule on that point. On the more specific question of whether the communication of information on the missing or the restitution of cultural objects were remedies falling within the scope of the Genocide Convention, the Court considered that the remedies to be provided depended on the conclusions it reached in the judgment on the merits. The content of those requests was therefore « not such as to be the subject of a preliminary objection » (I.C.J., Case concerning the application of the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide (Croatia v. Serbia), Preliminary Objections, judgment of 18 November 2008, pp. 47-48, §§ 139 and 143 (unreported)). 

75 Military and Paramilitary Activities… (Nicaragua v. United States of America), Jurisdiction and Admissibility, op. cit. p. 437, § 100.

76 The military inferiority of the claimants almost invariably figures prominently among these reasons. It should also be noted that the advent of a peace agreement between the parties does not appear to put an end to an action brought before the Court. For example, Bosnia-Herzegovina did not withdraw its application after the conclusion of the Dayton Accords in 1995 (on this aspect, see. S. Maljean-Dubois, « L’affaire relative à l’application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (Bosnie-Herzégovine c. Ygoslavie), arrêt du 11 juillet 1996, exceptions préliminaires », AFDI, 1996, p. 358). Even in this case, the Court therefore remains an additional means for the protagonists to obtain compensation that they have not succeeded in having written into the diplomatic regulations.

77 It should be noted that, for a large proportion of the cases studied, recourse to the United Nations judicial body is a counterpoint to a failure to obtain the support of the Security Council, whatever the reasons for that failure. From the point of view of principle, the Court has had occasion to state that the simultaneous intervention of the Security Council in a dispute is not an obstacle to the admissibility of the application (Military and Paramilitary Activities… (Nicaragua v. United States of America), Jurisdiction and Admissibility, op. cit., pp. 433-436, §§ 92-98). On the one hand, the Court rejected the argument of the exclusivity of the Council’s intervention in that it « tends to transpose to the international level domestic notions of the separation of powers, whereas these notions do not apply to relations between international institutions » (idem, p. 433 § 92). On the other hand, it affirmed that the action of the two institutions stemmed from « distinct but complementary functions » (ibid., p. 435, § 95), thus validating the idea of a « functional parallelism » (A. Pellet, « Le glaive et la balance », op. cit., p. 550). However, from the point of view of its modalities, this solution is not without raising certain difficulties as to the articulation of the missions of the two institutions, and the authority of their respective decisions. The American respondent feared, but the judges did not follow, that the Court would be set up as a body to « appeal » decisions of the Security Council (Military and Paramilitary Activities… (Nicaragua v. United States of America), Jurisdiction and Admissibility, op. cit., p. 436, § 98). The case between Bosnia-Herzegovina and the FRY provides a topical illustration of this appeal hypothesis (see footnote 49). In practice, it was only by taking numerous precautions that the Court succeeded in preventing its judgments from coming into conflict with the Council’s decisions (on these various aspects, see. A. Pellet, « Le glaive et la balance », op. cit, pp. 545-550; L. Boisson de Chazournes, « Les ordonnances en indication de mesures conservatoires dans l’affaire relative à l’application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide », op. cit, pp. 534-536). More broadly, on the conflicts between collective security and international responsibility, see Mathias Forteau, Droit de la sécurité collective et de la responsabilité internationale, op. cit. Mathias Forteau, Droit de la sécurité collective et droit de la responsabilité internationale, Paris, Pedone, 2006, 699 p.

78 Only seven situations contain lessons about the way in which the Court received the States’ applications. Five were successful for the applicants. The applications by the FRY against the members of NATO and by the DRC against Rwanda are the only examples of lack of jurisdiction. As regards the other cases, four were struck out of the list of cases before any decision was taken on jurisdiction, and two have not yet been the subject of a final decision by the Court (on the judgment of 18 November 2008, see note 74).

79 Military and paramilitary activities…, jurisdiction and admissibility, op. cit. p. 427, § 81.

80 Memorial submitted by Rwanda (DRC v. Rwanda (first application)) on 21 April 2000, p. 10, § 2.12 (unpublished).

81 Military and paramilitary activities…, jurisdiction and admissibility, op. cit, p. 428, § 83.

82 I.C.J., Application of the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide, Preliminary Objections, Judgment, [1996] ECR 614, § 27. For an analysis of this case and in particular of the existence of a link between the dispute raised and the arbitration clause invoked: S. Maljean-Dubois, « L’affaire relative à l’application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide… », op. cit. at pp. 373-375. 

83 Application of the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide, Preliminary Objections, op. cit. p. 617, § 35. 

84 Idem, pp. 619-620, § 38. The Court based its reasoning on an argument combining the territorial scope of the 1919 Treaty and the law of succession to international treaties. The Minorities Treaty concerned only the protection of minorities on the territory of the signatory State. As a result of inheritance law, the FRY would only be bound to respect the clauses of this treaty for the portion of territory that it now owns, and not for the Yugoslav territory of the time. As Bosnia and Herzegovina had not invoked any failure to protect minorities located in the FRY, the Court could not establish a link between the alleged facts and the treaty.

85 Armed Activities on the Territory of the Congo (new application: 2002), Provisional Measures, op. cit. p. 247, § 79.

86 Military and paramilitary activities…, jurisdiction and admissibility, op. cit, p. 428, § 83.

87 Application by the Islamic Republic of Iran, op. cit. p. 5. The allegation of violation of the object and purpose was qualified later in the proceedings, with Iran finally limiting its application to the violation of precisely identified articles of the treaty. 

88 I.C.J., Oil Platforms (Islamic Republic of Iran v. United States of America), Preliminary Objections, Judgment, [1996] ECR 809, § 15.

89 Idem, p. 815, § 31.

90 Ibid, p. 820, § 52.

91 Ibid, p. 813, § 28.

92 For an analysis of this judgment, and of the logical contortions the Court had to resort to in order to deal with the « use of force » aspect of a dispute based on an essentially commercial treaty, see P. d’Argent, « Du commerce à l’emploi de la force: l’affaire des plates-formes pétroères (arrêt sur fond) », AFDI. P. d’Argent, « Du commerce à l’emploi de la force: l’affaire des plates-formes pétrolières (arrêt sur le fond) », AFDI, 2003, pp. 266-289, and in particular pp. 270-275. See also E. Jouannet, « Le juge international face aux problèmes d’incohérence et d’instabilité du droit international… », op. cit, p. 927.

93 In some of the applications, the basis of the Genocide Convention was supplemented by specific conventions or by invoking acceptance of the Court’s jurisdiction under Article 36 § 2 of the Statute, without any further success for the applicant (on this aspect, see note 52).

94 Legality of Use of Force (Yugoslavia v. Belgium), Provisional Measures, op. cit. p. 136, § 35. From this point of view, the cases of the United States and Spain should be isolated, as the Court was led to consider itself manifestly incompetent because of the existence of reservations to the arbitration clause in that Convention. These reservations, the compatibility of which with the Convention was not challenged, led the Court to strike the cases out of its list of cases (see I.C.J., Legality of Use of Force (Yugoslavia v. United States of America), Provisional Measures, Order of 2 June 1999Reports 1999, p. 924, § 25, and I.C.J., Legality of Use of Force (Yugoslavia v. Spain), Provisional Measures, Order of 2 June 1999Reports 1999, p. 771, § 25).

95 Legality of Use of Force (Yugoslavia v. Belgium), Provisional Measures, op. cit. p. 138, § 40.

96 Idem, p. 138, § 40.

97 Ibid, p. 138, § 41. 

98 Ibid, p. 136, § 35.

99 Ibid, p. 136, §§ 34-35.

100 Ibid, p. 136, § 35.

101 Memorial relating to the jurisdiction of the Court submitted by Rwanda (DRC v. Rwanda (second application)) on 20 January 2003, pp. 10 et seq. The inopposability of the instruments invoked by the DRC could result either from reservations precluding the Court’s jurisdiction (in the case of the Racial Discrimination Convention, Memorial, p. 11), or simply from the respondent’s total lack of participation in the Convention (in the case of the Torture and Genocide Conventions, Memorial, pp. 10 and 13). Other Conventions are rejected on the grounds that they do not comply with the conditions and procedures for referral to the Court (Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination against Women, Unesco Convention, WHO Convention, brief, pp. 16 et seq.); on this last aspect, see note 13.

102 Idem, p. 35, § 3.76.

103 Armed Activities on the Territory of the Congo (new application: 2002), Provisional Measures, op. cit. p. 246, § 73.

104 Idem, p. 248, § 83.

105 Nicaragua’s Memorial (questions of jurisdiction and admissibility), op. cit., p. 405, § 174.

106 P.C.I.J., Chorzów Factory, Series A, no. 17, p. 63.

107 I.C.J., Cross-Border Armed Actions (Nicaragua v. Honduras), Jurisdiction and Admissibility, Judgment[1988] ECR 91, § 53.

108 Military and paramilitary activities…, jurisdiction and admissibility, op. cit, p. 428, § 82.

109 I.C.J., United States Diplomatic and Consular Staff in Tehran, Reports 1981, p. 19, § 36.

110 Military and paramilitary activities…, jurisdiction and admissibility, op. cit, p. 439, § 105.

111 The consequences of this alteration were highlighted in the Security Council during the debates on the judgment of 27 June 1986. Nicaragua had asked the Security Council to examine the dispute between it and the United States « which had been the subject of a judgment of the Court » (letter of 22 July 1986, S/18230). The British representative was careful to distinguish between the general dispute between the two States and the more limited dispute decided by the Court. He emphasised that Nicaragua’s letter went beyond the operative part of the judgment and concerned the dispute as a whole. He added that « the International Court of Justice has not had to deal with the details of the whole Central American problem » and that « it was inappropriate to attempt to select for separate consideration a very small part of the overall problem, as was attempted to be done in Nicaragua’s letter […] » (Minutes of the 2704ème meeting, S/PV.2704, pp. 47-48).

112 J. Verhoeven, op. cit. pp. 1181-1182.

113 Military and paramilitary activities…, jurisdiction and admissibility, op. cit, p. 431, § 89.

114 Preliminary objections presented by the United States on 16 December 1993, p. 2, § 5-6 (unpublished).

115 Cross-Border Armed Actions (Nicaragua v. Honduras), Jurisdiction and Admissibility, op. cit. p. 91, § 51. On the reasons for the referral, see M. Forteau, « La saisine des juridictions internationales… M. Forteau, « La saisine des juridictions internationales… », op. cit. p. 34. 

116 Idem, p. 91, § 52.

117 When it does not lead the Court to deliberately exceed its jurisdiction. Academic writers have noted that the Court is « circumventing the obstacle of its lack of jurisdiction » (Y. Kerbrat, « De quelques aspects des procédures incidentes devant la Cour internationale de Justice… », op. cit., pp. 358 et seq.) by means of obiter dicta constituting veritable « sentences en passant » (idem). This trend had already been highlighted in relation to the provisional measures requested by the FRY in 1999, see L. Boisson de Chazournot, op. cit. L. Boisson de Chazournes, « La Cour internationale de justice aux prises avec la crise du Kosovo », op. cit. pp. 463-465. For an analysis of this use of reasons by the Court: G. Cahin, « La motivation des décisions de la Cour internationale de justice », in H. Ruiz Fabri and J.-M. Sorel, La motivation des décisions des juridictions internationales, Paris, Pedone, 2008, pp. 1-90, and in particular pp. 81-90.

118 Military and paramilitary activities, jurisdiction and admissibility, op. cit. p. 434, § 94.

119 Application of the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide, Preliminary Objections, op. cit. p. 620, § 39.

120 Application of the International Convention on the Elimination of All Forms of Racial Discrimination, op. cit., § 112.

121 I.C.J., Legal Consequences of the Construction of a Wall in the Occupied Palestinian Territory, Advisory Opinion, Reports 2004, p. 178, §§ 105-106; I.C.J., Legality of the Threat or Use of Nuclear Weapons, Advisory OpinionReports 1996, p. 239, §§ 24-25.

122 For an analysis of the relationship between human rights and humanitarian law, see. S. Szurek, « Droit international des droits de l’homme et droit international humanitaire : entre guerre et paix », in Frontières du droit, critique des droits, billets d’humeur en l’honneur de Danièle Lochak, Paris, LGDJ, 2007, pp. 195-199.

123 Georgia and Russia have been parties to the 1949 Geneva Conventions since 14 September 1993 and 10 May 1954 respectively. There are no reservations preventing the application of these instruments to the situation.

124 It is true that the complexity of the situation makes it both difficult and fluctuating to define a situation of armed conflict in this case. From the first Russian interventions during the independence phase in the early 1990s to the intervention in the summer of 2008, the history of the region is one of tension between Georgia and its provinces, under the constant and institutionalised surveillance of Russian troops. It is difficult to dispute that the intervention in August 2008 constituted an international armed conflict: Russia intervened, whatever the cause of its intervention, as a State against another sovereign State. The thresholds for the application of humanitarian law had therefore been crossed, if not by the existence of a ‘war’ in the traditional sense of international law, then at least by the occurrence of an ‘armed conflict arising between two or more of the High Contracting Parties’ within the meaning of Articles 2 common to the 1949 Conventions. The existence of an internal armed conflict appears to have been confirmed until the signing of the Sochi agreement (with the Ossetians) on 25 June 1992 and the Moscow agreement (with the Abkhazians) on 14 May 1994. Determining the nature of the situation in the intervening period, i.e. between 1994 and 2008, is more difficult. Conventional humanitarian law is very imprecise and case law, particularly that of the international criminal tribunals, is not very precise on the criteria to be used to identify an internal armed conflict, as distinct from mere « situations of internal tension, internal disturbances, such as riots, isolated and sporadic acts of violence and other similar acts, which are not considered to be armed conflicts » (Second Protocol Additional to the Geneva Conventions, and relating to the Protection of Victims of Non-International Armed Conflicts, 8 June 1977, Article 1 § 2). It should simply be noted here that the Georgian question remained on the agenda of the Security Council, which continued, even before the events of 2008, to speak of « separation of forces », « ceasefire » and « conflict » (Resolution 1808, 15 April 2008). There is no doubt that the International Court of Justice will have a difficult task ahead of it when it tries to determine, for each of the moments in the case, whether there is a legal situation of armed conflict giving rise to the application of humanitarian law.