1956, 19 octobre, DĂ©claration commune de Moscou

Traité de Moscou, 24 octobre 1648

entre l’URSS et le Japon

La dĂ©claration commune de Moscou en date du 19 octobre 1956 est un traitĂ© signĂ© entre l’Union des RĂ©publiques socialistes et soviĂ©tiques et le Japon. Cet accord met fin Ă  l’Ă©tat de guerre entre les deux pays, dĂ©clarĂ© le 8 aoĂ»t 1945.

La dĂ©claration commune de Moscou en date du 19 octobre 1956 est un traitĂ© signĂ© entre l’Union des RĂ©publiques socialistes et soviĂ©tiques et le Japon. Cet accord met fin Ă  l’Ă©tat de guerre entre les deux pays, dĂ©clarĂ© le 8 aoĂ»t 1945.

En effet, l’URSS n’a pas signĂ© le traitĂ© de paix avec le Japon du 8 septembre 1951 (traitĂ© de San Francisco), il est ainsi toujours en Ă©tat de guerre avec le Japon. Cette dĂ©claration diplomatique y met un terme et permet de restaurer la relation entre les deux pays. Cependant, cet accord ne permettra pas au Japon de rĂ©cupĂ©rer les Ăźles Kouriles*.

*Les ßles Kouriles : deviennent japonaises suite au traité de Saint-Pétersbourg (1875). Avec le traité de San Francisco, le Japon renonce aux ßles Kouriles étant notamment sous occupation russe depuis 1945.

Du 13 au 19 octobre 1956, des nĂ©gociations ont eu lieu Ă  Moscou entre une dĂ©lĂ©gation de l’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques et une dĂ©lĂ©gation japonaise.
ReprĂ©sentaient l’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques :
M. N. A. Boulganine, PrĂ©sident du Conseil des ministres de l’URSS,
M. N. S. Khrouchtchev, Membre du PrĂ©sidium du Soviet suprĂȘme de l’URSS,
M. A. I. Mikoyan, Premier Vice-PrĂ©sident du Conseil des ministres de l’URSS,
M. A. A. Gromyko, Premier Vice-Ministre des affaires Ă©trangĂšres de l’URSS, et
M. N. T. Fedorenko, Vice-Ministre des affaires Ă©trangĂšres de l’URSS.
Représentaient le Japon :
M. Ichiro Hatoyama, Premier Ministre,
M. Ichiro Kono, Ministre de l’agriculture et des forĂȘts, et
M. Shunichi Matsumoto, Député à la Chambre des représentants.

Au cours des nĂ©gociations, qui se sont dĂ©roulĂ©es dans une atmosphĂšre de comprĂ©hension mutuelle et de collaboration, les relations mutuelles entre l’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques et le Japon ont fait l’objet d’un Ă©change de vues large et franc. L’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques et le Japon ont Ă©tĂ© pleinement d’accord pour considĂ©rer que la reprise des relations diplomatiques entre eux contribuerait Ă  dĂ©velopper la comprĂ©hension mutuelle et la coopĂ©ration entre les deux Etats, dans l’intĂ©rĂȘt de la paix et de la sĂ©curitĂ© en ExtrĂȘme-Orient.
A la suite de ces nĂ©gociations entre les dĂ©lĂ©gations de l’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques et du Japon, un accord est intervenu sur les points suivants :

  1. L’Ă©tat de guerre entre l’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques et le Japon prendra fin le jour de l’entrĂ©e en vigueur de la prĂ©sente DĂ©claration, la paix et des relations d’amitiĂ© et de bon voisinage Ă©tant rĂ©tablies entre eux. page 2
  2. Les relations diplomatiques et consulaires seront rĂ©tablies entre l’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques et le Japon. A cet effet, les deux Etats Ă©changeront immĂ©diatement des reprĂ©sentants diplomatiques ayant rang d’ambassadeur et la question de l’Ă©tablissement de consulats sur le territoire de l’URSS et du Japon sera rĂ©glĂ©e par la voie diplomatique.
  3. L’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques et le Japon dĂ©clarent qu’ils s’inspireront, dans leurs relations mutuelles, des principes de la Charte des Nations Unies et, en particulier, des principes suivants, Ă©noncĂ©s Ă  l’article 2 de ladite Charte :
    a) Régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques, de telle maniÚre que la paix et la sécurité internationales ainsi que la justice ne soient pas mises en danger;
    b) S’abstenir, dans leurs relations internationales, de recourir Ă  la menace ou Ă  l’emploi de la force, soit contre l’intĂ©gritĂ© territoriale ou l’indĂ©pendance politique de tout Etat, soit de toute autre maniĂšre incompatible avec les buts des Nations Unies.
    L’URSS et le Japon confirment que, conformĂ©ment aux dispositions de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, chacun des Etats a le droit naturel de lĂ©gitime dĂ©fense, individuelle ou collective.
    L’URSS et le Japon s’engagent rĂ©ciproquement Ă  ne pas s’ingĂ©rer directement ou indirectement dans les affaires intĂ©rieures de l’autre partie pour quelque motif, Ă©conomique, politique ou idĂ©ologique, que ce soit.
  4. L’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques appuiera la demande d’admission du Japon Ă  l’Organisation des Nations Unies.
  5. Tous les ressortissants japonais qui ont fait l’objet d’une condamnation dans l’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques seront libĂ©rĂ©s et rapatriĂ©s au Japon dĂšs l’entrĂ©e en vigueur de la prĂ©sente DĂ©claration commune.
    Quant aux Japonais dont le sort est inconnu, l’URSS, Ă  la demande du Japon, poursuivra ses efforts pour dĂ©terminer leur sort.
  6. L’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques renonce Ă  toute demande de rĂ©parations Ă  l’Ă©gard du Japon.
    L’URSS et le Japon renoncent rĂ©ciproquement Ă  toutes les rĂ©clamations rĂ©sultant de la guerre, depuis le 9 aoĂ»t 1945, et prĂ©sentĂ©es Ă  l’un des deux Etats par l’autre Etat, ses organismes ou ses citoyens.
  7. L’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques et le Japon conviennent d’entamer des nĂ©gociations, dans le plus bref dĂ©lai, afin de conclure des traitĂ©s ou accords destinĂ©s Ă  Ă©tablir sur des bases solides et amicales leurs relations dans le Domaine des Ă©changes et de la navigation commerciale, ainsi que leurs autres rapports commerciaux. page 3
  8. La Convention entre l’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques et le Japon sur la pĂȘche en haute mer dans la partie nord-occidentale de l’ocĂ©an Pacifique et l’Accord entre l’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques et le Japon relatif Ă  la coopĂ©ration pour le sauvetage des vies humaines en mer, signĂ©s Ă  Moscou le 14 mai 1956, entreront en vigueur en mĂȘme temps que la prĂ©sente DĂ©claration commune.
    ConsidĂ©rant que l’URSS et le Japon ont intĂ©rĂȘt l’un et l’autre Ă  ce que les ressources naturelles des pĂȘcheries et les autres ressources biologiques de la mer soient sauvegardĂ©es et exploitĂ©es rationnellement, l’URSS et le Japon prendront, dans un esprit de coopĂ©ration, des mesures pour sauvegarder et dĂ©velopper les ressources des pĂȘcheries ainsi que pour rĂ©glementer et limiter la pĂȘche en haute mer.
  9. L’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques et le Japon sont convenus de poursuivre, aprĂšs le rĂ©tablissement des relations diplomatiques normales entre les deux pays, des nĂ©gociations pour la conclusion d’un TraitĂ© de paix.
    A ce sujet, l’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques, rĂ©pondant aux dĂ©sirs du Japon et tenant compte des intĂ©rĂȘts de l’Etat japonais, consent Ă  remettre au Japon les Ăźles Habomai et l’Ăźle de Shikotan, Ă©tant entendu toutefois que la remise effective de ces Ăźles aura lieu aprĂšs la conclusion du TraitĂ© de paix entre l’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques et le Japon.
  10. La prĂ©sente DĂ©claration commune devra ĂȘtre ratifiĂ©e. Elle entrera en vigueur le jour de l’Ă©change des instruments de ratification. L’Ă©change des instruments de ratification aura lieu Ă  Tokyo dans le plus bref dĂ©lai.

EN FOI DE QUOI les plénipotentiaires soussignés ont signé la présente Déclaration commune.
Fait en double exemplaire, en russe et en japonais, les deux textes faisant Ă©galement foi.

Moscou, le 9 octobre 1956.

Par autorisation du PrĂ©sidium du Soviet suprĂȘme de l’Union des RĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques : N. BOULGANINE D. CHEPILOV

Par autorisation du Gouvernement du Japon : I. HATOYAMA I. Kono S. Marsumoto

Le texte du traitĂ© est publiĂ© in

| 49 Ko R. T. N. U., n° 3768, vol., 1957, p. 113

Pour les références bibliographiques des recueils mentionnés ci-dessous, voy. la page consacrée aux recueils de traités

La prĂ©sente fiche a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e dans la cadre du programme de stage du CERIC Ă  l’UniversitĂ© d’Aix-Marseille.

Elle a été conçue par :

Serena Delle Case (fiche de contextualisation, illustration, résumé)

Margaux Chatain (correction du texte intégral)

Marie Albano (correction, mise en ligne)

Pr. Romain Le Boeuf (sources, transcription du texte intégral)

Crédits image : Wikipédia